Mécontentement social : quand le pain et la galette font l’histoire
Cette semaine, la tension autour des boulangers, dont les coûts de fabrication ont augmenté à cause des prix de l’énergie et des matières premières, a poussé le gouvernement à intervenir en leur faveur. La profession est au bord du gouffre. Or, dans l’histoire de France quand le pain va mal, la France s’enflamme.
Et cela a commencé déjà sous l’ancien Régime. Les rois, depuis Saint-Louis, n’ont pas hésité à règlementer le prix du blé pour éviter des révoltes. Et quand ils y renonçaient, ils prenaient un risque, comme Louis XV et Louis XVI en 1774, qui se retrouvent vite obligés de reprendre en main les cours du blé devant la spéculation et le mécontentement populaire. Peu après, c’est la peur du manque de pain qui déclenche le soulèvement en 1789. Si bien que les révolutionnaires aussi régulent le prix des denrées fondamentales. Et après eux les républicains, même après 1945.
La politique de la galette
Finalement, en 1978, le Premier ministre Raymond Barre décide pour la première fois de libéraliser le prix du pain. La baguette, le croissant et bientôt la galette augmentent. Les socialistes bloquent les prix dès 1982, et il faut le retour de la droite en 1986 pour que le gouvernement Chirac libéralise définitivement le prix de la baguette. Son montant hante toujours notre imaginaire.
Quant à la galette que nous consommons chaque mois de janvier, elle a aussi une portée politique. Elle est plus consommée à droite qu’à gauche. On en mange parfois en groupe dans les sections locales des partis. Depuis 1975, les présidents de la République honorent la profession des boulangers en partageant avec eux une galette sans fève à l’Élysée. En fait, aujourd’hui, la galette des rois est l’ambassadrice des hommes du pain, la petite reine de la vie publique.
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