Salon du Bourget : l'aviation, histoire d'une passion française
Le salon du Bourget fermera ses portes dimanche 25 juin, son histoire est riche en rebondissements. Retour dans un monde où l'on parlait plus de records et moins d'économies d'énergie. Tout commence en 1909. Ce Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) est séculaire, il remonte aux débuts de l'aviation, au moment où Le Bourget était encore un minuscule aéroport. Il n'en avait pas beaucoup en région parisienne et c'était le principal. Et donc on décide de faire cette exposition et, en même temps, d'ouvrir au Grand Palais une autre exposition pour présenter les modèles qui font rêver le grand public. Et puis, progressivement, la procédure va changer. Dans l'entre deux guerres, il y aura encore plus de démonstrations au Bourget et à partir de 1953, on décide que le salon se tiendra seulement sur l'aérodrome Et, cette année-là, grande innovation, nous apprennent les actualités filmées : on va conduire les visiteurs, en tout cas les VIP, en hélicoptère au salon. "À cet effet, d'une porte de Paris à l'aérodrome, une navette a été organisée et les amateurs de sensations nouvelles auront pu se familiariser avec les modernes taxis du ciel, dont l'un était piloté par la seule pilote militaire d'hélicoptère, mademoiselle André, qui sauva dans son appareil plus de 600 blessés en Indochine. Cette grande manifestation française, qui regroupe 156 exposants et qui a trouvé un cadre à sa mesure, celui d'un grand aéroport." La future général André s'était livré à cet exercice. Et c'est vrai qu'au manche d'un hélicoptère américain, elle avait été une des grandes sauveteuse en Indochine.
Des crashs qui restent dans les mémoires
Le salon va continuer. Il est à déplorer quelques incidents graves et des crashs, dont celui de 1965 avec un bombardier américain B58 qui, alors qu'il arrivait d'Espagne, s'écrase sur la piste. Et surtout, il y a celui qui va rester comme l'événement majeur du salon du Bourget. Le 3 juin 1973, le Tupolev 144, le sosie du Concorde, s'écrase sur Goussainville. Ecoutez le ton dramatique de France Inter ce jour-là. "Bonsoir. Il était 15h29 cet après-midi au Bourget. La grande fête de l'aéronautique battait son plein. 300 000 spectateurs étaient venus assister au meeting de clôture. Tout le monde regardait l'un des clous de la réunion, l'évolution du Tupolev 144, qui est un peu le rival de Concorde. L'avion a brutalement explosé dans un gigantesque jaillissement de flammes et les débris sont allés s'écraser sur la petite ville de Goussainville, au milieu de nombreux pavillons. Ecoutez ce témoignage d'une habitante de Goussainville au micro de Pascal Delannoy. 'Ça tombait juste au-dessus de ma chambre, là. C'était effroyable. Il y avait de la fumée, des flammes dans tous les coins. Je suis sortie en courant, ça brûlait partout, les voitures, dans la rue, c'était affreux. Affreux à décrire, on ne peut même pas expliquer. Ce n'est pas possible'."
C'est une consternation parce que cet avion russe avait déjà une expérience. Le Concorde avait fait une démonstration magnifique et sans doute les Russes ont-ils essayé d'améliorer un peu leurs performances. Le début du vol du Tupolev se passe bien, et à un moment donné, sans doute le pilote a-t-il voulu modifier les caractéristiques de l'appareil, notamment son nez. Et là, il part en piqué, il essaie de se redresser et au moment où il se cabre, l'avion va véritablement exploser et partir en milliers de débris qui vont s'abattre sur la banlieue parisienne.
Mais le salon va continuer avec la même fascination. Il y aura d'autres accidents. Un Fairchild A10 en 1977, un Mig-29 en 1989, un Sukhoï Su-30 en 1999... Mais au fond, on peut dire qu'il y a une passion française pour l'aviation qui fait que le salon continue de rester un des lieux où on aime aller, se rendre compte de ce qui se passe. Et c'est un des plus grands salons aériens au monde. C'est-à-dire que l'ensemble des industries aériennes viennent y présenter leurs plus beaux modèles, leurs derniers modèles et les modèles d'avenir. Ce qui fait qu'on va sans doute passer dans ce salon de discussions sur les performances qui étaient celles du début du siècle à celles de nos jours, qui sont celles sur la réduction des émissions et, au fond, une contribution de l'aviation au développement durable.
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