Comptes de campagne d'Emmanuel Macron : "Il faut choisir : la République ou le fric", tacle Olivier Faure
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, estime que les ristournes dont a bénéficié Emmanuel Macron pendant sa campagne prouvent que la connivence est établie "entre les milieux d'argent et le pouvoir actuel".
"Il règne un parfum particulier sur l'Elysée : celui de l'argent. Nous sommes passés d'une République qui se voulait exemplaire à une République du fric", a déploré Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, invité de franceinfo jeudi 7 juin. Interrogé sur les révélations de franceinfo sur les ristournes dont a profité le candidat Emmanuel Macron pendant sa campagne, Olivier Faure a estimé que le président de la République doit choisir : "la République ou le fric".
franceinfo : Quel jugement politique portez-vous sur les nouvelles révélations sur les comptes de campagne d'Emmanuel Macron ?
Olivier Faure : Il y a un sentiment d'une connivence permanente entre les milieux d'argent et le pouvoir actuel. C'est ce qu'on croit comprendre des révélations que vous faîtes. C'est ce qui transparaît de l'affaire Kohler. Dans notre République, il faut faire des choix : la République ou le fric.
Emmanuel Macron estime qu'Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée et l'un de ses plus proches conseillers, est d'une "probité exemplaire", même s'il est visé par une enquête préliminaire du Parquet national financier.
Vous n'êtes pas choqué ? Certes, il n'est pas encore déclaré coupable, mais imaginez la pression qui pèse désormais sur les juges quand le président de la République, qui est en charge de leur nomination, de l'accélération de leur carrière, vient leur dire que son collaborateur est d'une probité exemplaire. Un président ne devrait pas dire ça. Je me rappelle des précédents. Des gens qui étaient de très proches collaborateurs dans le quinquennat précédent. Je pense à Aquilino Morelle, qui fut conseiller spécial de François Hollande. Pour des affaires infiniment moins graves, pour lesquelles il était simplement soupçonné, pas coupable (et depuis il a été d'ailleurs blanchi), il a été contraint à la démission. Alors je ne demande pas la démission d'Alexis Kohler, mais on voit quelque chose qui est en train de glisser. Ce qui devait être un nouveau monde est en fait le dernier avatar de l'ancien régime. On a aujourd'hui un président de la République qui fixe des règles pour les autres, mais qui ne se les applique jamais, ni à lui, ni à ses collaborateurs.
Jean-Luc Mélenchon estime qu'il y a deux poids, deux mesures, parce que pour lui, la commission des comptes de campagne a fait un signalement au parquet financier. Vous êtes d'accord ?
On peut comprendre qu'il y ait eu un signalement pour les comptes de Jean-Luc Mélenchon. Mais il faut aussi dans ce cas-là qu'il y ait un signalement pour les comptes d'Emmanuel Macron. Puisque la commission n'a pas pu aller au bout de ses investigations, car elle a trop peu de pouvoir et trop peu de moyens, ça suppose effectivement qu'elle rouvre le dossier.
On peut relire l'histoire a posteriori. Au début de la législature, Emmanuel Macron a souhaité que le premier texte que nous examinions à l'Assemblée soit un texte sur la confiance dans la vie politique, sur la transparence. Il a choisi de faire en sorte que les parlementaires soient plus transparents. Nous l'avons approuvé, nous avons voté ce texte. Nous avons aussi proposé que des règles nouvelles s'imposent aux hauts fonctionnaires. Par exemple que le secrétariat général de l'Elysée soit sous le contrôle de la Haute autorité de la transparence de la vie publique, qui, elle, a les moyens d'investiguer. Cet amendement a été rejeté par le gouvernement et la majorité. J'aimerais comprendre désormais quelles en étaient les motivations profondes.
On a des soupçons sur pratiquement toutes les campagnes présidentielles. Faut-il une nouvelle fois réformer le financement des campagnes présidentielles ?
Il faut donner les moyens aux autorités de contrôle. Pour la commission des comptes de campagne, une partie de ses membres a même démissionné, considérant que tout cela se faisait dans des conditions opaques et absolument pas justes. Je ne suis pas venu porter accusation. Je dis simplement que quand il y a des soupçons graves qui pèsent, cela suppose de permettre à la justice d'aller jusqu'au bout et qu'on n'ait pas le sentiment qu'il y a des coupe-feux à chaque niveau et que tout ça puisse se faire dans la plus grande transparence. Ce serait cela, une République exemplaire.
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