Discrimination chez les avocates : "L'inégalité femme-homme, c'est un combat culturel", selon Marlène Schiappa
La secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes a assuré mercredi sur franceinfo que "le gouvernement travaille pour faire connaître davantage leurs droits aux femmes au travail".
Selon une étude du Défenseur des droits, plus d'une avocate sur deux affirme avoir été victime de discrimination dans les cinq dernières années. Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, a estimé mercredi 2 mai sur franceinfo que "l'inégalité femme-homme, c'est un combat culturel parce que cela commence par refuser ces inégalités et connaître davantage ses droits". Travail dévalorisé, rupture de contrat à l'annonce d'une grossesse, salaire inférieur aux hommes sont les principales critiques faites par les avocates. Selon Marlène Schiappa, l'enquête du Défenseur des droits permet de "prendre conscience d'une situation".
franceinfo : Les études sur les discriminations se multiplient. Est-ce le signe d'une prise de conscience ?
Marlène Schiappa : Il y a des études qui sont menées qui ne l'étaient pas avant. Cela veut dire qu'on prend conscience d'une situation. En ce qui concerne les discriminations dans le monde du droit, il y a les inégalités professionnelles pour les avocates. Et il y a toute la partie accès au droit. J'étais aujourd'hui à Trappes (Yvelines). J'étais avec la Maison de la justice, dans laquelle il y a des facilités d'accès aux droits, notamment pour les femmes qui méconnaissent leur droit au travail ou dans la famille.
On se rend compte que les avocates ne sont que 5% à déposer plainte alors qu'elles sont avocates. On imagine la difficulté pour le reste de la société.
C'est une difficulté globale. C'est pour cela que le gouvernement travaille pour faire connaître davantage leurs droits aux femmes au travail. Quand on parle de discrimination liée à la grossesse, l'immense majorité des femmes, qui sont discriminées dans une période de grossesse, ont intégré le fait que ce serait quasiment normal de les discriminer. On a un énorme travail de pédagogie à faire. L'inégalité femme-homme, c'est un combat culturel parce que cela commence par refuser ces inégalités et connaître davantage ses droits.
Est-ce que le congé paternité pourrait être allongé ?
Cela fait partie des choses qui sont en réflexion. On a confié une mission à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) pour étudier la possibilité d'allonger ou de mieux rémunérer le congé paternité. Mais c'est important de rappeler que 70% des pères prennent leur congé paternité, 11 jours actuellement. On verra en juin ce qui est préconisé dans ce rapport. Moi, j'ai toujours dit que j'étais favorable à une amélioration. Là encore, c'est un combat culturel. Quand on voit ce qui se passe en Suède, on voit que l'implication des pères est quelque chose qui est possible si on s'en donne les moyens.
Vous vous êtes installée pendant trois jours à Trappes, un lieu emblématique. Pourquoi ?
J'entends parler des banlieues comme si c'était quelque chose de lointain. J'ai passé mon enfance dans des cités au bord du périphérique. J'ai travaillé avec le Bondy Blog pour donner une meilleure image des banlieues. Je suis dans la continuité d'une conviction personnelle profonde. C'est toute l'action du gouvernement qui est tournée vers les banlieues. C'est important de rester sur le long terme, pas juste venir et repartir, mais de s'immerger. J'étais dans la rue, dans les squares, avec les parents, les jeunes. C'est comme cela qu'on voit la réalité de la vie, notamment dans les banlieues. Moi ce qui m'intéresse, c'est comment on agit pour les habitants, comment on les réconcilie, qu'est-ce qu'ils veulent. J'ai passé une heure et demie pour leur demander ce qu'on peut améliorer dans leur vie. Le président de la République présentera dans trois semaines les orientations du gouvernement pour les quartiers prioritaires. Le plan proposé par Jean-Louis Borloo fait partie des éléments qui apportent à la réflexion. Le fait que je sois trois jours à Trappes, cela nourrira la réflexion, notamment sur l'égalité femme-homme qui est un sujet primordial en ce qui concerne les quartiers populaires.
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