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Automobile : "Nous visons 80% de ventes électriques à l'horizon 2030", assure Marc Meurer, président de Porsche France

Marc Meurer, président de Porsche France, était l'invité éco de franceinfo, mardi.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Marc Meurer, président de Porsche France, le 19 septembre 2023. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La Commission européenne a voté l’interdiction de la vente des véhicules à moteur thermique en Europe d’ici 2035, avec un assouplissement pour les futurs carburants de synthèse, sous la pression de l’Allemagne. La marque de voitures allemandes de luxe et de vitesse Porsche devra composer avec ces nouvelles réglementations. Marc Meurer, le président de Porsche France, se dit favorable à tout ce qui va vers une mobilité décarbonée.

franceinfo : Est-ce que vous êtes prêt pour le virage vers l'électrique, sachant que l'Union européenne a prévu d'interdire la vente de véhicules neufs thermiques d'ici 2035 ?

Marc Meurer : L'électricité chez nous, on s'est posé la question il y a dix ans : est-ce qu'il y a un avenir avec la voiture électrique ? La réponse : dès 2015, on a présenté un concept-car qui est ensuite devenu Taycan, notre première Porsche électrique que nous commercialisons depuis trois ans. Aujourd'hui, nous sommes engagés dans cette électrification : à l'horizon 2030, nous visons dans le monde 80% de ventes électriques. Pour nous, c'est une stratégie extrêmement claire d'électrification de notre gamme. Parce qu'on vise aussi dès 2030, une neutralité carbone pour l'entreprise.

En 2035, vous n'aurez plus de modèles thermiques vendus en Europe, c'est un engagement de votre part ?

On se pose la question. On aura effectivement une très grande part électrique, mais nous travaillons également sur le carburant synthétique. Nous avons une usine pilote, la première au monde, au sud du Chili, qui utilise de l'éolien pour fabriquer de l'hydrogène vert auquel on ajoute du CO2 capté dans l'air. Cela permet de produire du "e-méthanol", qui ensuite peut être utilisé comme carburant. Et donc le CO2 rejeté en fait, a été absorbé au préalable. Et nous pensons que c'est une piste très prometteuse puisque c'est une quasi-neutralité carbone. Et l'avantage de ce carburant, c'est qu'il peut être utilisé dans l'ensemble du parc roulant aujourd'hui. On parle souvent des voitures à vendre, mais sur Terre, il y a 1,3 milliard de voitures thermiques. C'est donc une solution pour une partie d'entre elles. Et en plus, ce carburant peut être utilisé aussi dans d'autres domaines comme l'aérien, etc. C'est une piste très prometteuse sur laquelle nous travaillons, nous avons investi plus de 100 millions d'euros.

Est-ce que ça signifie qu'en 2035, toute la gamme Porsche, de la mythique 911, dont vous fêtez les 60 ans cette année, à la Porsche Cayenne, seront disponibles en modèles électriques ?

C'est décidé sur quasiment toute la gamme. Sur la 911, ce n'est pas encore décidé si elle passe électrique et si oui, à quel moment.

Parce que ça peut être trop lourd ? Trop cher ?

Non. Aujourd'hui la demande sur notre fameux moteur six cylindres à plat, le flat-six, est très forte. On s'adaptera. On sera prêt lorsque ce sera nécessaire ou lorsque la législation l'imposera. Mais encore une fois, on garde plusieurs pistes possibles pour notre voiture iconique, notre 911.

Le gouvernement français a prévu de limiter le bonus écologique aux voitures à faible empreinte environnementale. En gros, celles qui sont fabriquées en Europe. Est-ce qu'il faut mettre, à votre avis, des barrières aux frontières de l'Europe ?

Je pense que tout ce qui va vers une mobilité décarbonée, c'est une bonne chose. Et tenir compte de l'impact CO2 sur les productions, le transport, nous y sommes favorables. D'ailleurs, nos usines en Allemagne sont déjà "CO2 neutres". C'est une bonne direction de faire en sorte que l'empreinte CO2 de la production soit également prise en compte.

Dans le prochain budget qui sera présenté mercredi prochain en Conseil des ministres. Il est question également de renforcer le malus pour les véhicules les plus lourds et donc les plus polluants. Vous êtes évidemment concerné avec la Porsche Cayenne. Est-ce que vous craignez une taxation plus importante ?

Encore une fois, dans notre stratégie d'être neutre, nous avons développé des voitures hybrides avec aujourd'hui des autonomies comme un Cayenne proche de 100 kilomètres. Cela permet quand même de couvrir 99% des trajets au quotidien. Nous allons introduire l'année prochaine également notre best-seller sous forme électrique, le Macan, qui sera 100% électrique. Nous allons dans la bonne direction. Si le nouveau système est correctement fait, ça ne devrait pas nous pénaliser plus que ça. On sera à zéro émission en carbone, donc on ne sera pas concerné.

Et en attendant, cette taxation au poids n'est pas dissuasive pour les clients de Porsche aujourd'hui ? Vous ne voyez pas du tout d'impact sur vos ventes ?

Sur les ventes électriques, on le voit aussi avec d'autres marques françaises qui lancent des véhicules, c'est de toujours trouver le bon équilibre entre autonomie et poids. Et l'autonomie d'un véhicule électrique, c'est la taille de sa batterie. Et aujourd'hui, si vous voulez une certaine autonomie, ce que nos clients recherchent, comme l'ensemble des clients du marché, vous avez un certain poids. Il faut trouver le juste milieu entre une autonomie qui permet de rouler sans stress sur autoroute, par exemple, et un poids effectivement raisonnable. Dans nos gènes, nous sommes une marque sportive, donc on fait très attention au poids, car pour pouvoir être victorieux sur circuit, le poids est un élément important. C'est quelque chose que nous monitorons de très près. On cherche chaque kilogramme.

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