Catastrophes naturelles : la surprime des assurances devraient augmenter en moyenne de "15 euros" au 1er janvier 2025, selon le directeur général de la Matmut

Pour faire face aux coûts de plus en plus lourds liés aux risques climatiques, la surprime des assurances devraient passer de "25 à 40 euros", en moyenne en 2025. Une augmentation, qui "reste raisonnable, compte tenu des enjeux auxquels nous sommes confrontés", déclare Nicolas Gomart, directeur général du groupe Matmut.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Nicolas Gomart, le 23 avril 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le groupe Matmut, l'assureur mutualiste, compte 4,5 millions de sociétaires et gère 8 300 000 contrats. Il publie mardi 23 avril ses résultats financiers pour 2023. Et cette année écoulée a été la troisième la plus coûteuse, après 1999 et 2022, selon le communiqué de la Matmut.

Si l'année 2023 a été aussi coûteuse pour les assureurs, c'est "essentiellement à cause des événements climatiques qu'on a connus, qui sont certes de moindre ampleur que ceux qu'on a connus en 2022, mais qui représentent quand même la troisième année la plus coûteuse dans ce domaine", explique Nicolas Gomart, directeur général du groupe Matmut, sur franceinfo ce mardi.

franceinfo : Ces catastrophes naturelles deviennent-elles la routine ?

Nicolas Gomart : Espérons que ça ne devienne pas la routine tant que ça. Mais de fait, ce qu'on observe, c'est qu'on a une augmentation de tous ces sinistres, malheureusement, qui frappent nos concitoyens.

"Notre fédération professionnelle, France Assureurs, estime que sur les 30 prochaines années, le montant global de ces sinistres devrait doubler par rapport aux 30 dernières années."

Nicolas Gomart

sur franceinfo

C'est plus coûteux pour les assurances générales, et pour la Matmut en particulier, qui couvre effectivement des biens qui subissent ces risques climatiques. À la fois, nous avons plus de sinistres, ils sont plus nombreux, et les réparations sont plus coûteuses parce que l'inflation est importante sur ces réparations.

L'augmentation de l'intensité et de la fréquence des événements climatiques pourrait se traduire en France par 70 milliards d'euros d'indemnisation en plus sur 30 ans. Et pour financer notre régime de catastrophe naturelle, il est prévu d'augmenter la prime d'assurance. Concrètement, comment cela va-t-il se traduire dans mon assurance habitation ?

Aujourd'hui, ce régime est extrêmement puissant parce qu'il est un régime très solidaire pour l'ensemble des Français. Il est unique en Europe et coûte à peu prèsn, en moyenne, 25 euros par an par assurance. Ce montant devrait augmenter à partir du 1er janvier 2025, à peu près à 40 euros par an, en moyenne, par assurance. Donc, de 25 à 40 euros, c'est 15 euros de plus. Évidemment, c'est une augmentation, mais ça reste raisonnable compte tenu des enjeux auxquels nous sommes confrontés.

Est-ce suffisant pour assurer justement ces risques climatiques ?

On ne peut pas prévoir la trajectoire de façon extrêmement précise, mais en tout cas, c'est déjà un pas important en avant et qui devrait couvrir une bonne partie de l'évolution.

Votre chiffre d'affaires est en hausse de 18% à quasiment 3 milliards d'euros, porté par la diversification. Cela signifie-t-il que c'en est fini des assurances auto et habitation qui sont votre cœur de métier ?

Ce n'est pas du tout fini et c'est d'ailleurs dans notre activité. Ces assurances continuent à se développer. Mais nous, à la Matmut, on a toujours voulu être le plus proche possible de nos sociétaires - c'est comme ça qu'on appelle nos clients. Et donc cette diversification, elle s'inscrit dans une volonté de couvrir le plus de besoins possibles d'assurance chez eux.

"On a commencé avec l'auto, avec l'habitation. Ces dernières années, on a développé l'activité d'assurance santé avec une mutuelle santé. Et de plus en plus, on offre des services en matière d'assurance-vie, en matière de prévoyance."

Nicolas Gomart

franceinfo

L'objectif, c'est vraiment ça, c'est de couvrir l'ensemble des besoins d'assurance de nos sociétés.

Sauf que cette diversification représente une part de plus en plus importante de votre chiffre d'affaires. L'assurance habitation, l'assurance auto sont-elles finalement moins rentables qu'avant ?

Ce n'est pas moins rentable. Ça n'a jamais été très rentable. Nous ne sommes pas dans des métiers extrêmement rentables. Nous sommes dans des métiers du long terme, d'accompagnement de nos sociétaires. Pour autant, ce qui est important, compte tenu des aléas qui pèsent sur ces risques-là - on parlait du risque climatique - pour nous en tant qu'entreprise, c'est de diversifier nos risques et de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. Et donc d'avoir aussi des sources de revenus diversifiées avec d'autres types d'assurance.

Aujourd'hui, c'est 24% du chiffre d'affaires total. Cette diversification a-t-elle vocation à devenir une part plus importante de votre chiffre d'affaires à l'avenir ?

Oui, absolument, ça devrait continuer à augmenter. Notre objectif, c'est qu'à terme, ces assurances dites de personnes représentent à peu près la moitié de notre activité. Aujourd'hui, elles en représentent 30%.

Et avec quelle part pour l'assurance santé et le reste des activités ?

C'est difficile à dire, mais a priori l'assurance santé pourrait représenter à peu près un quart de l'activité et ce qu'on appelle l'assurance-vie, l'assurance retraite, l'autre quart de l'activité.

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