Climat : "On a une réduction significative de notre empreinte carbone", assure le président d'EY en France

Le changement climatique en entreprise est un sujet de plus en plus primordial. Le cabinet d'audit EY en France vient de créer un laboratoire d'idée sur ce sujet, l'EY Impact Lab. Éric Fourel, son président, est l'invité éco de franceinfo.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Éric Fourel, président d'EY en France. (franceinfo)

Éric Fourel est le président d'EY en France, un cabinet d'audit et de conseil qui vient de créer un laboratoire d'idées, l'EY Impact Lab à Paris. Il s'agit d'un espace immersif qui accueille des dirigeants en leur montrant les conséquences concrètes dans 20 ans du réchauffement si rien ne change.

franceinfo : Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'est cet "espace", l'EY Impact Lab ?

Éric Fourel : Nous avons lancé l'EY Impact Lab il y a maintenant un peu plus de deux mois. En fait, c'est un lieu qui est à 100% dédié à l'accompagnement des entreprises et des dirigeants dans leur réflexion et leur gestion de la transition climatique. C'est un lieu collaboratif qui est destiné à faciliter la prise de conscience et surtout la réflexion et l'inspiration, pour pouvoir designer des plans d'actions, réfléchir sur sa stratégie et faire évoluer ses business models. Un ensemble d'actions qui sont aujourd'hui primordiales par rapport aux défis de la transition climatique.

Vous leur montrez concrètement un Paris en 2043 où il fait près de 50 degrés, avec de pseudo-témoignages de consultants, de PDG qui disent : "On ne savait pas, on aurait pu..." Cela répond à quel besoin et à quelle demande ?

Le parcours au sein de l'EY Impact Lab démarre par ce film immersif que nous avons réalisé, sur la base des constatations du sixième rapport du GIEC. Nous n'avons donc rien inventé. Nous avons simplement essayé de construire des scénarios qui facilitent la prise de conscience sur les conséquences de l'inaction. Et l'inaction, en 2043, ça signifie effectivement un Paris qui doit faire face à un réchauffement climatique autour de 3°C puisque l'objectif de 1,5°C des accords de Paris va être atteint dès 2035 au mieux. On est aujourd'hui sur une trajectoire qui, si elle n'est pas modifiée, sera effectivement plutôt autour de 2,5, voire 2,9°C. Aujourd'hui, peu de gens en ont conscience, même si la prise de conscience est malgré tout beaucoup plus forte qu'il y a trois ou quatre ans en arrière. Donc on a beaucoup progressé, heureusement. Mais ce dont on n'a pas conscience, c'est que la France est aujourd'hui le pays où le réchauffement climatique est le plus prononcé.

Quand les dirigeants sortent de ce parcours, est-ce qu'il y a une prise de conscience suivie d'actions ?

C'est toute la question. Comment est-ce qu'on passe à l'action ? Et au fond, c'est la problématique que nous avons collectivement aujourd'hui, parce que les entreprises ont mis l'objectif de la gestion de la transition climatique tout en haut. Ça ressort notamment des analyses qui sont faites dans le cadre de l'étude préparation à la CSRD [Corporate Sustainability Reporting Directive, une directive européenne], qui a été faite pour le Medef. C'est aussi ce qui ressort des analyses de l'Institut de l'Entreprise. Et le but du film est de créer un alignement sur les prises de conscience. EY n'a pas versé aujourd'hui dans la radicalité et on n'est pas là pour alimenter l'éco-anxiété. 

"On voit qu'aujourd'hui le problème par rapport au réchauffement climatique n'est pas tant les climato sceptiques, mais plutôt le climato fatalisme."

Éric Fourel, président d'EY en France

à franceinfo

Qu'est-ce que vous faites concrètement, chez EY en France, pour lutter contre ce réchauffement ?

Effectivement, on va se dire que les conseilleurs doivent peut-être commencer par balayer devant leur porte. Chez EY, on est sur du conseil et de l'audit, donc on a évidemment cette chance d'être sur une activité qui est peu carbonée. Sur notre dernier exercice, on est à 8 500 tonnes de CO2 émises alors qu'on était à 12 000 en 2021, donc on a quand même une réduction significative. Mais 90% de nos émissions sont liées aux transports lors de déplacements professionnels. On a donc mis en place un plan d'action sur ce terrain-là, en interdisant ou en excluant au maximum tout déplacement par avion dès lors qu'on peut se rendre d'une ville à une autre en moins de quatre heures. On fait également, pour chacun des associés de notre cabinet, un bilan carbone individuel pour construire une trajectoire de baisse de ses émissions de 35% qui est notre objectif d'ici l'année prochaine.

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