"Depuis l'intégration de Bombardier, en 2021, nous avons augmenté notre production de trains de 40%", affirme le PDG d'Alstom

"Nous sommes satisfaits de nos résultats", affirme jeudi 9 mai Henri Poupart-Lafarge, le PDG d'Alstom, alors que le groupe vient de publier ses résultats financiers avec un chiffre d’affaires en hausse, un bénéfice en baisse et un plan de désendettement annoncé.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
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Henri Poupart-Lafarge le 8 mai 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Alstom, le constructeur ferroviaire français, publie ses résultats financiers mercredi 8 mai 2024. En novembre 2023, il avait annoncé un plan de désendettement. Quand on regarde le verre à moitié plein, on voit un chiffre d'affaires en hausse pour atteindre 17,6 milliards d'euros, presque 19 milliards de nouveaux contrats sur un an. Mais quand on regarde le verre à moitié vide, on voit un bénéfice en baisse à 44 millions d'euros, soit 250 millions de moins que l'année précédente. "Nous sommes satisfaits de nos résultats. Ils témoignent de tous les efforts qui ont été faits dans la dernière période pour redresser le groupe", déclare Henri Poupart-Lafarge.

En 2021, Alstom rachète son concurrent canadien Bombardier. "Depuis l'intégration de Bombardier, nous avons augmenté notre production de trains de 40% dans les trois dernières années, par rapport à la combinaison des deux groupes", affirme Henri Poupart-Lafarge. "Dans cette période qui a été complexe, d'un point de vue géostratégique, d'un point de vue Covid, donc d'un point de vue santé, peu d'industries peuvent dire qu'elles ont augmenté leur capacité de production de 40% pendant cette période", insiste-t-il.

franceinfo : Comment expliquez-vous ces résultats financiers ?

Henri Poupart-Lafarge : Tout d'abord, nous sommes satisfaits de nos résultats. Ils témoignent de l'engagement de tous nos collaborateurs. Ils témoignent de tous les efforts qui ont été faits dans la dernière période pour redresser le groupe. Et ils sont en ligne avec nos estimés, comme vous l'avez dit, des ventes en croissance, un résultat opérationnel qui augmente de 17%. 

"Un certain nombre de charges liées à l'intégration de Bombardier, au lancement d'un certain nombre de plans industriels, ont grevé les coûts en dessous du rythme opérationnel et donc grever le résultat net."

Henri Poupart-Lafarge

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À l'automne 2023, vous lanciez un plan de désendettement de deux milliards d'euros. Où en êtes-vous aujourd'hui ?

Nous avions annoncé un plan de désendettement de deux milliards d'euros, compte tenu des efforts qui vont être faits pour générer de la trésorerie grâce à nos opérations. Et nous avons annoncé ce plan qui comprend, d'une part, des cessions d'actifs que nous avons réalisées. Nous sommes rentrés dans un accord pour la vente de la signalisation aux États-Unis. Elle n'est pas faite totalement, mais elle est signée, elle est sûre. Et nous avons annoncé donc l'émission de deux types d'instruments financiers, dont des obligations d'une part, et d'autre part de capital. C'est ce que nous avons annoncé et l'ensemble fait deux milliards, comme nous l'avons dit dès le mois de novembre dernier.

Cette augmentation de capital que vous annoncez sera de l'ordre de combien ?

Nous avons donné précisément son chiffre, elle sera de l'ordre d'un milliard d'euros.

Cette restructuration engagée, elle a aussi un coût social. Vous avez déjà annoncé 1 500 suppressions de postes administratifs, dont 300 en France. Comptez-vous vous arrêter là ou allez-vous aller plus loin ?

Alors nous avons engagé ce plan d'efficacité essentiellement sur les structures. 

"Nous sommes en train maintenant de rentrer dans une phase d'optimisation industrielle globale où nous allons optimiser la capacité de nos différentes usines à travers le monde."

Henri Poupart-Lafarge

franceinfo

Mais cela va se faire dans le temps et c'est normal à partir du moment où on a une activité qui peut monter ou descendre.

Peut-on imaginer de nouvelles suppressions de postes à l'avenir ?

Non, ça veut dire que continuellement, nous ajustons nos capacités de production dans le monde entier, comme nous le faisons depuis toujours et comme nous allons continuer à le faire. Il n'y a pas de suppressions de postes envisagées pour le moment.

Votre carnet de commandes est plein, avec un record à 92 milliards d'euros, mais vous avez du mal à l'honorer. Les TGV devaient être livrés avant les JO, ce ne sera pas avant le second semestre 2025. Les RER de nouvelle génération ont commencé à être livrés à l'automne 2023 avec deux ans de retard. Que s'est-il passé ?

D'abord, je tiens à souligner que nous mettons tout en œuvre évidemment pour livrer nos trains dans les meilleurs délais.

"Nous sommes à l'heure des Jeux olympiques, nous avons livré énormément de métros, notamment pour permettre l'extension de la ligne 14."

Henri Poupart-Lafarge

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Nous avons livré, comme vous venez de le rappeler, le RER E et pour permettre l'ouverture de l'extension de la ligne, également des tramways, de manière à ce que la ligne 3 ait été aussi étendue.

On est en retard. Ce sont des projets éminemment complexes. Vous savez que la dernière fois que nous avons développé un nouveau TGV, d'ailleurs conjointement avec la SNCF, ce sont des projets de co-développement avec la RATP ou avec la SNCF, la dernière fois que nous l'avons fait, c'était dans les années 90. C'est dire l'effort d'innovation qui appartient à ce train-là. Et donc avec la SNCF, bien sûr, on veut faire le train le plus innovant, le plus économe, le plus technologique possible. C'est une génération qui va durer pour les 50 prochaines années.

Et les dernières années ont été un peu complexes, le Covid, les chaînes d'approvisionnement, l'action, l'inflation... Mais au-delà de ça, encore une fois, c'est un co-développement entre l'État et nous. Ce TGV est un TGV formidable, il va y avoir une consommation d'énergie 15% moindre que la précédente génération et 15% de places en plus. À la place, il consommera 30% d'énergie de moins et c'est bien ça le principal. Toutes ces innovations technologiques qui vont permettre une amélioration du confort pour les passagers et une meilleure efficacité pour la SNCF.

N'avez-vous pas eu les yeux plus gros que le ventre avec ce carnet de commandes que vous avez du mal à honorer à temps ?

Non, on a une politique de stabilisation du carnet. D'ailleurs, on l'a annoncé, nous souhaitons être de plus en plus sélectifs pour être sûrs d'être en mesure de bien livrer nos trains. Je crois que l'ensemble de l'industrie ferroviaire a connu une croissance très forte. 

Je crois qu'il y a assez peu d'industries qui peuvent se targuer, dans cette période qui a été complexe encore une fois, d'un point de vue géostratégique, d'un point de vue Covid, donc d'un point de vue santé, peu d'industries peuvent dire qu'elles ont augmenté leur capacité de production de 40% pendant cette période.

L'intégration de Bombardier est terminée, elle a été longue et difficile. Vous avez atteint la taille critique, quel est aujourd'hui votre principal concurrent ? L'Allemand Siemens qui a remporté face à vous la première ligne de TGV aux États-Unis (Las Vegas, Los Angeles) ou les Chinois de CRRC qui remportent de plus en plus de contrats en Europe et qui cassent les prix.

Nous sommes le seul acteur global. C'est-à-dire que précisément, c'était l'intérêt stratégique de la question de Bombardier, c'est d'avoir une taille critique sur chacun des marchés. Et donc nous n'avons pas de concurrents principaux. Partout où nous sommes, nous rencontrons de nouveaux concurrents, des concurrents différents. Nous sommes le seul acteur à être sur tous les continents, en Europe, dans tous les pays.

Êtes-vous meilleurs que les Chinois ou que les Allemands ?

On a une position unique sur le marché qui est celle d'être un acteur qu'on pourrait appeler multilocal, c'est-à-dire présent sur tous les continents et sur tous les marchés principaux. Nos concurrents ne sont présents que dans certains marchés et donc nous rencontrons des concurrents différents dans chacun des marchés dans lesquels nous sommes. Eux, nous rencontrent en permanence.

L'intégration de Bombardier est réussie, était-ce une bonne opération ?

C'était une excellente opération confirmée par le marché du ferroviaire, qui est extrêmement porteur et confirmée par cette tendance précisément à avoir des marchés locaux extrêmement importants, cette nécessité d'être proche des clients. Donc oui, une intégration et une opération tout à fait stratégique et confirmées.

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