"Gilets jaunes" : "L’État n’a pas abandonné le monde rural"
Réponse politique au mouvement des "gilets jaunes", le grand débat national débute mardi 15 janvier. Pour Laurent Davezies, professeur au CNAM, si certaines communes ont effectivement de grandes difficultés, l’Etat ne les a pas abandonnées.
Le grand débat national, réponse de l’Etat au mouvement des "gilets jaunes", débute officiellement mardi 15 janvier. Sur quoi peut-il déboucher ? Invité de l'interview éco lundi 14 janvier, Laurent Davezies, spécialiste des territoires et professeur au Conservatoire national des arts espère que ce débat "va calmer le jeu (…) Il y a un énorme problème en France mais on n’est pas vraiment sûr de bien le définir. C’est un peu compliqué de trouver des réponses à un problème dont on n’a pas l’énoncé de façon claire. J’espère qu’avec ce débat on va pouvoir poser un certain nombre de questions, et aussi crever un certain nombre de baudruches : beaucoup de mécanismes sont mal connus."
La désertification, « c’est fini depuis vingt ans »
Reçu à l’Elysée pour y remettre des doléances recueillies dans plusieurs départements, le président de l’Association des maires ruraux de France, Vanik Berberian, estime que "es territoires ruraux sont un peu à la marge depuis 20, 30, 40 ans (…) On existe aussi, on a des choses à dire".
Est-ce que l’Etat a oublié les campagnes ? "Non, assure Laurent Davezies. Cette thématique de l’oubli et des territoires abandonnés, tout le monde en parle (…) C’est vrai que le monde rural qu’on a connu quand on était petit était industriel et agricole. L’industrie a pris un coup terrible, l’agriculture a pris un coup aussi. Il y a eu une désertification du monde rural, mais c’est fini depuis vingt ans !". D’après le professeur au CNAM, le monde rural, "c’est 50% du territoire français et 15% de la population française, soit 10 millions de gens. Or, cette population augmente pratiquement au même rythme que le reste de la population".
Dans le monde rural, « L’Etat intervient massivement »
Pour Laurent Davezies, si de nombreuses communes connaissent effectivement des difficultés, l’Etat n’a pas abandonné ces territoires. "S’il y a un abandon, c’est le fait des habitants, de l’industrie, pas de l’Etat ! L’Etat intervient massivement. Les dotations de l’Etat y ont augmenté plus rapidement qu’ailleurs. Ces dix millions d’habitants ont eu plus d’évolution de leur potentiel financier que ceux des autres territoires français".
Laurent Davezies a publié La crise qui vient : la nouvelle fracture territoriale et Le nouvel égoïsme territorial. Le grand malaise des nations (Seuil / la République des idées).
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