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"Il y a une vraie attention des pouvoirs publics pour les jeux vidéo", assure le PDG du studio Don't Nod

La Paris Games Week se tient cette semaine. Oskar Guilbert, PDG du studio français de création de jeux vidéo Don't Nod, est l'invité éco de franceinfo.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
La Paris Games Week se tient Porte de Versailles, jusqu'au dimanche 5 novembre. (BERTRAND GUAY / AFP)

La Paris Games Week a ouvert ses portes lundi 30 octobre, pour une semaine. Ce salon annuel dédié au jeu vidéo se tient à Paris, Porte de Versailles. L'occasion d'évoquer l'industrie française avec Oskar Guilbert, PDG de Don't Nod, studio français, éditeur et développeur de jeux vidéo à qui on doit notamment la série Life is Strange, et le jeu Jusant qui vient de sortir.

franceinfo : Il y a 1 200 entreprises dans le secteur en France, dont 600 studios. Comment fait-on la différence ? Vous écrivez sur votre site : "nous n'avons pas peur d'aller à contre-courant." Qu'est-ce que ça signifie concrètement ?

C'est quelque chose qui est très important dans le jeu vidéo. C'est aussi pouvoir adresser des publics différents de pouvoir parler de certains thèmes forts qui touchent les publics soit jeune, soit plus âgé parce que les joueurs de jeu vidéo ont un âge moyen de 39 ans. Donc on va s'adresser à différents types de joueurs et parler de choses, comme la place de la femme, les différentes choses qui peuvent intéresser les jeunes et les moins jeunes. Donc il faut parler de quelque chose qui soit effectivement en lien avec les préoccupations actuelles, quelque chose qui ait un sens, quelque chose qui les emmène.

Au niveau des joueuses et des joueurs de jeux vidéo, on est presque à la parité. Du côté des professionnels, il y a 24% de femmes dans les studios de développement français, selon le baromètre du Syndicat national des jeux vidéo.

Il y a effectivement une bonne marge de progression. Alors c'est vrai que chez Don't Nod, on est un peu au-dessus de ça puisqu'on s'approche des 30%. Nous avons aussi monté un studio à Montréal où nous sommes très proches de la parité puisque c'est un nouveau studio. Il y a un vrai attrait aujourd'hui aussi des femmes pour l'industrie, pour créer des jeux, que ça soit d'un point de vue artistique, mais aussi d'un point de vue technique. C'est quelque chose qui évolue. Effectivement, historiquement on partait un peu de loin, mais de plus en plus de femmes sont intéressées pour travailler dans cette industrie.

Banishers : Ghost of New Eden, votre prochaine sortie aurait dû sortir mardi 7 novembre. Finalement, ce sera le 13 février 2024. Il fallait éviter les embouteillages de fin d'année. Il n'y a pas assez de place pour tout le monde sur le marché quand les fêtes approchent ?

Il y a plus de 100 jeux triple A et double A, donc, des gros blockbusters, qui sont présents en cette fin d'année. Il nous a semblé opportun de laisser le temps à nos joueuses et nos joueurs de jouer à ces jeux et de sortir le nôtre dans une période avec un petit peu moins de concurrence. Alors il y a toujours de la concurrence sur ce marché, mais on le sort dans une période qui est un peu plus calme et on aura effectivement un petit peu plus de place à ce moment-là, pour Banisher qui est notre gros blockbuster.

Est-ce que vous avez l'impression qu'il y a une reconnaissance du jeu vidéo aujourd'hui par les pouvoirs publics ?

Il y a une vraie attention des pouvoirs publics pour le jeu vidéo. Un peu comme pour le cinéma, puisque c'est aussi une industrie culturelle. Il y a un aspect technologique, mais aussi un aspect culturel, évidemment, avec des auteurs très connus dans le jeu vidéo maintenant. Mais ça ne date pas d'hier, ça fait un moment que ça existe parce qu'il y a un crédit d'impôt jeux vidéo, il y a des aides à la préproduction, donc le jeu vidéo est soutenu. Mais c'est important de le soutenir et de continuer à le soutenir en France parce qu'on est sur une concurrence vraiment internationale. Nos joueurs sont vraiment dans le monde entier et la part de marché française représente à peu près 5 %. On est en concurrence avec le monde entier donc c'est très important que la France soutienne le jeu vidéo comme il est soutenu dans les autres pays, au Canada et en Allemagne, par exemple.

Il y a toujours eu une spécificité française parmi les entreprises de jeux vidéo. Il y a Don't Nod avec vous, mais aussi Ubisoft et Gameloft par exemple. Est-ce qu'il y a une spécificité française sur ce marché-là ?

Oui et non puisque comme on s'adresse à un public mondial. Parfois, être français, ça peut presque être perçu comme quelque chose de négatif par certains joueurs dans le monde. Donc il faut que l'on joue bien sur nos forces. Chez Don't Nod en tout cas, ce sont des jeux qui ont des histoires fortes, qui sont porteurs de sens, qui ont aussi une patte graphique très affirmée, et assez différenciante par rapport à d'autres sociétés. Mais il faut plaire vraiment au monde entier et pas uniquement aux joueuses et aux joueurs français.

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