Manifestations du 1er-Mai : la CGT salue "une belle mobilisation"

"C'est une belle mobilisation pour un 1er-Mai", a salué mercredi Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Céline Verzeletti le 1er mai 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Mercredi 1er mai, les manifestations ont rassemblé plus de 210 000 personnes partout en France, selon la CGT, et 121 000 selon le ministère de l'Intérieur. À Paris, le cortège a réuni 18 000 manifestants, selon la préfecture de police, et 50 000, selon les syndicats. La mobilisation "est moins importante" qu'en 2023, reconnaît Céline Verzeletti, "mais si on revient sur les années 2021 et 2022, on est à des niveaux assez élevés de mobilisation. Donc, on est satisfaits", dit-elle.

franceinfo : Quel premier bilan - parce que tout n'est pas fini - tirez-vous de cette journée ?

Céline Verzeletti : Nous trouvons que c'est une belle mobilisation pour un 1er-Mai. C'est vrai que si on compare par rapport à 2023, elle est moins importante, mais si on revient sur les années 2021 et 2022, on est à des niveaux assez élevés de mobilisation. Donc on est satisfaits. Même si, bien évidemment, nous pensons qu'il faut construire d'autres mobilisations et certainement bien plus importantes, notamment par rapport à toutes les mauvaises réformes que veut nous imposer ce gouvernement. Il y a beaucoup de sujets de préoccupation qui concernent les salariés, mais aussi les privés d'emploi.

Il y a une nouvelle réforme de l'assurance chômage qui s'annonce, vous y êtes opposée. Avez-vous déjà des dates de mobilisation en tête ?

Oui. Il y aura des initiatives et des mobilisations au mois de mai, plutôt à la fin du mois. Il y a déjà eu des initiatives dans des agences France Travail où justement les privés d'emploi, aidés par les organisations syndicales qui sont implantées dans les territoires, sont venus un peu envahir ces agences pour contester justement cette mauvaise réforme. Donc, il y aura des initiatives de différents types. Pour l'instant, je ne sais pas exactement quand mais ça se construit. Après, malheureusement, ce sont les privés d'emploi et les salariés qui sont sur des contrats plutôt précaires qui doivent pouvoir se mobiliser. Ce n'est pas toujours simple.

Est-ce plus simple de mobiliser contre la réforme des retraites, comme vous l'avez fait l'an dernier, que contre une réforme de l'assurance chômage ?

Oui, parce que la réforme de l'assurance chômage, elle concerne directement ceux qui sont privés d'emploi, d'une part, et aussi ceux qui ont des contrats, mais très précaires. Et ces salariés-là, qui sont privés d'emploi ou qui ont des contrats très courts, sont souvent isolés. Ils ne sont pas dans des secteurs où les organisations syndicales sont implantées et ils se sentent un peu seuls pour organiser la riposte. Là où elle s'organise le mieux, c'est dans les grandes entreprises où il y a des organisations syndicales et où il est beaucoup plus facile de débrayer, par exemple en grève en nombre. Il est beaucoup plus facile d'établir un rapport de force.

En 2023, il y avait un appel unitaire, les huit grands syndicats rassemblés. Ce n'est pas le cas cette année, le regrettez-vous ?

Oui, bien évidemment. La CGT, nous avions souhaité lier l'ensemble des organisations syndicales qui appellent avec les mêmes mots d'ordre. Cette année, ça n'a pas été possible au niveau national. Après, ce que nous pouvons constater, c'est qu'au niveau de chaque département, la plupart des manifestations étaient à l'appel d'organisations syndicales de manière unitaire. Par exemple sur Paris, il y avait la CGT, la CFDT, l'UNSA, Solidaires, FSU, les organisations de jeunesse qui appelaient à la manifestation entre République à Nation.

Il y a eu des tensions, à Paris en début de cortège : 29 arrestations annoncées dans la capitale.

Je trouve quand même que finalement, cette manifestation, en tout cas, du moins à Paris, s'est bien déroulée. On a pu partir de notre point de départ à République et arriver à Place de Nation.

"Il y a eu quelques incidents, que bien sûr nous regrettons, mais je pense que ça n'impacte pas la force de la mobilisation."

Céline Verzeletti

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Et je pense qu'il ne faut pas que ça efface toutes les revendications que nous portons. Parce qu'on a vraiment beaucoup de revendications et de nombreuses préoccupations.

Tout à l'heure à Saint-Étienne, Raphaël Glucksmann, tête de liste Place publique aux élections européennes, a été pris à partie, victime de jets de peinture en marge du cortège. Le condamnez-vous ?

Je trouve que c'est très regrettable. Je pense que tout le monde doit pouvoir venir manifester. Hormis, en effet, l'extrême droite, que nous n'acceptons pas dans nos manifestations. Mais, après, quelle que soit la personne, quelle que soit l'appartenance du terreau, quel que soit le parti politique, il doit pouvoir venir. Même si, bien évidemment, on n'est pas dans l'obligation de partager toutes les positions de ces hommes politiques. Mais, quoi qu'il en soit, je trouve que c'est regrettable.

"Si on porte tous les revendications du 1er-Mai, on doit pouvoir manifester ensemble."

Céline Verzeletti

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Le sujet prioritaire, quel est-il ? Le travail, le pouvoir d'achat ? Quel message souhaitez-vous faire passer à l'exécutif ?

Ce qu'on souhaite faire ressortir, c'est contre l'austérité, notamment par rapport aux coupes budgétaires qui sont annoncées pour les années à venir et qui ont été mises en place, parce que ça a une incidence sur la fonction publique, les services publics. Et ensuite sur l'emploi et sur les revalorisations salariales. C'est un sujet prioritaire et une des préoccupations de la plupart de la population, notamment avec l'inflation. Et là, le 1er-Mai, c'était aussi l'occasion de prôner la paix et le cessez-le-feu à Gaza et aussi de défendre les libertés. Parce que là, on fait face à de graves atteintes aux libertés : liberté syndicale, mais aussi aux liberté de manifester justement ou de faire grève. On a beaucoup de camarades qui sont poursuivis ou qui ont été condamnés par le tribunal, et ça, on ne l'accepte pas non plus.

La CGT des éboueurs parisiens vient de déposer des préavis de grève, notamment pendant les JO. Le préavis commence avant pour demander, entre autres, une prime exceptionnelle de 1 900 euros. L'idée, c'est de pousser à la négociation ?

Au départ, on avait demandé au ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, qu'il y ait des mesures décidées au niveau de la fonction publique pour permettre des versements de primes, de compensation par rapport aux contraintes qui soient équitables et qui soient les mêmes, quels que soient les employeurs. Je précise : face aux mêmes contraintes, on doit pouvoir percevoir les mêmes primes.

Stanislas Guerini a annoncé des primes de 500 à 1500 euros.

Il y a différents critères parce qu'on s'aperçoit que pour les forces de l'ordre, pour la police, il y aura des primes qui vont jusqu'à 1 900 euros. Donc, nous demandons une égalité de traitement : à même niveau, pour de mêmes contraintes, il faut les mêmes niveaux de primes. Par exemple, pour les éboueurs, s'ils ont de fortes contraintes, comme les agents des forces de l'ordre, ils doivent pouvoir percevoir aussi une prime de 1 900 euros. C'est très simple en fait.

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