"On a fourni un professeur à plus de 100 millions d'élèves", affirme le fondateur du site Superprof

Le site qui met en relation professeurs et élèves existe depuis plus de dix ans. Wilfried Granier, fondateur de Superprof est l'invité éco de franceinfo mardi 10 septembre.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Wilfried Granier, le fondateur de Superprof, le 10 septembre 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

La rentrée est passée, on s'intéresse aux cours particuliers avec Superprof, un site internet qui met en relation des professeurs particuliers et leurs potentiels élèves, prof de maths, d'anglais, de piano, de chant, de yoga… 2 000 thématiques sont disponibles. Le site, lancé en France il y a onze ans, est désormais présent dans 54 pays.

franceinfo : Superprof compte 29 millions de professeurs. Pour combien d'élèves ?

Wilfried Granier : On a fourni un professeur à plus de 100 millions d'élèves depuis la création de Superprof.

Quels sont les cours les plus populaires ?

Ça dépend des pays, mais en France, évidemment, la grosse bête noire, c'est les mathématiques, donc c'est vraiment la matière la plus demandée. Après arrivent le soutien scolaire, les cours de musique, piano, guitare et puis le sport : coach sportif et yoga, sont des grosses thématiques chez nous.

Mais ce sont surtout les cours du soir pour des élèves.

Ce ne sont pas forcément des cours du soir, ce sont des cours particuliers, ce sont vraiment des cours sur mesure. Nous, vraiment, chez Superprof, notre promesse, c'est de vous trouver le professeur parfait, le professeur qui correspond parfaitement à ce que vous avez envie d'apprendre, que ce soit en vidéo ou en physique. Et surtout, on laisse le pouvoir à l'élève de choisir son professeur, ce qui est le plus important pour nous.

Quel est votre modèle économique ? Si je suis élève ou professeur et que je vais m'inscrire, comment ça fonctionne ?

On est une entreprise, qui fait vivre un peu plus de 200 collaborateurs. Donc oui, il y a un modèle économique. C'est très simple : l'élève paye 39 euros pour trouver son professeur et il ne paiera ces 39 euros que s'il le trouve.

Ensuite, comment ça se passe ? On trouve un professeur. J'ai vu qu'il y avait plusieurs tarifs, c'est vraiment varié : des cours à 20 euros de l'heure et d'autres à 200 euros de l'heure.

On laisse vraiment le choix à l'élève de choisir son professeur aussi en fonction du tarif. C'est-à-dire qu'il y a des élèves qui ont un peu moins de budget. On travaille en direct avec son prof, on va payer directement le professeur sans aucune commission, c'est très important. Donc il y a des professeurs qui sont effectivement des jeunes étudiants qui vont donner des cours de math à 20 euros et puis après des agrégés qui ont 20 ou 30 ans d'expérience et qui vont donner des cours à 50 euros.

Cela signifie-t-il que si je prends un prof qui fait ses cours à 20 euros de l'heure, ça va être moins bien ?

Pas du tout. Non, ça dépend de ce que vous recherchez en fait. Est-ce que vous cherchez un étudiant pour vous aider dans le soutien scolaire ou est-ce que vous cherchez un professeur émérite ? C'est vraiment vous qui décidez et du coup, on en a pour tous les tarifs et toutes les envies.

Quel est le profil des professeurs de Superprof ? Sont-ils aussi enseignants dans l'Éducation nationale ?

On a vraiment les meilleurs professeurs du monde, c'est-à-dire que notre algorithme fait un tri excessivement difficile pour vraiment garder la crème de la crème. Donc déjà, un, ce sont les meilleurs professeurs. Et deux, oui, on a des professeurs de l'Éducation nationale qui vont continuer en prof à l'école, mais aussi évidemment en cours particuliers. Parce que ce n'est pas la même chose en fait, d'enseigner avec un élève qu'on va pouvoir coacher et qu'on va pouvoir accompagner, qui va vous faire des retours, et un cours en classe où effectivement, on est devant 30 personnes et c'est plus compliqué, ce n'est pas la même approche. Et puis on a aussi beaucoup de retraités qui ont été passionnés par leur discipline pendant 20 ans, 30 ans d'Éducation nationale et qui se retrouvent à la retraite et qui ont envie de continuer d'enseigner, de transmettre.

Fixez-vous une barrière de prix ?

Oui, il y a un maximum. Effectivement, on ne dépasse pas un certain montant qui est 200 euros, mais c'est pour des cas particuliers. Mais la moyenne des cours, aujourd'hui, se situe entre 35 et 40 euros à Paris et en région. En région, c'est un petit peu moins cher.

Sur votre site, il y a des commentaires avec des retours, souvent positifs. Avez-vous un moyen de contrôler si ce sont de vrais avis ?

Absolument. Les avis, ce sont forcément des élèves qui sont passés par nous pour contacter le professeur. Pourquoi chez Superprof vous ne voyez que des avis positifs ? Parce que dès qu'il y a un avis négatif d'un professeur, dès qu'il y a un doute, une suspicion, ce n'est pas ce qu'on propose. Nous, on propose des super profs comme le nom l'indique, donc Superprof, c'est évidemment que des super professeurs. Donc les gens qui n'ont pas de bonnes évaluations, et bien évidemment, on ne les garde pas.

Avez-vous déjà banni des gens de votre plateforme parce qu'ils n'étaient pas au niveau ?

Non, on ne bannit personne, on est gentils et bienveillants. Mais oui, il y a des gens qui ne sont pas au niveau, qui ne répondent pas assez vite aux élèves. Les élèves sont exigeants, les élèves ont vraiment envie d'avoir de très bons professeurs, donc c'est normal qu'on ne garde pas ceux qui n'ont pas le niveau.

Quel est le profil des élèves ?

Il y a de tout, en fait. Il y a des jeunes, effectivement, qui vont se faire aider par leurs parents pour prendre du soutien scolaire, des cours de math, des cours de physique, cours de français, cours de philo. Et puis, j'ai des étudiants qui sont en grande école, qui ont envie de préparer HEC ou qui ont envie de préparer une grande école d'ingénieurs. Eux, ils vont chercher leur prof et souvent, ils prennent des professeurs qui ont fait leur école. Ça, c'est aussi une grosse spécificité chez Superprof, c'est que vraiment, on choisit son professeur, donc on peut préparer HEC avec quelqu'un qui est à HEC.

Quel est votre chiffre d'affaires en 2023 ?

L'année dernière, on a fait 44 millions et cette année, on vise 60 millions.

Et pour 2025 ?

100 millions.

Aujourd'hui, votre chiffre d'affaires se fait-il surtout hors de France ?

La France, c'est à peu près 15% de notre activité. Donc oui, 85%, c'est hors de France.

Quel est votre premier marché ?

La France reste le premier. Ensuite, arrivent les États-Unis et l'Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie.

Vous venez de vous lancer sur un autre marché : la Chine. Comment ça se passe ?

On a attendu dix ans pour se lancer en Chine parce que c'est vraiment de loin le pays le plus compliqué. On s'est déjà frotté aux États-Unis. C'était une thérapie déjà robuste et qui fait rêver tout le monde. Mais la Chine, c'est effectivement un marché très compliqué. Aujourd'hui, on a deux défis en Chine. Un, le défi technologique, c'est-à-dire qu'on recrée un Superprof chinois avec des applications, des widgets et compagnie. Et après, évidemment, on a une problématique de recrutement et de talents et donc on recrute, en ce moment, massivement notre communauté de professeurs en Chine.

En France, ça fait onze ans que Superprof existe. Avec le Covid, 2020 marque un changement ?

Majeur déjà dans les mentalités. C'est-à-dire qu'avant, on donnait des cours particuliers en physique, on croit très fort au présentiel. Donc, avant, c'était exclusivement physique. Le covid arrive, qu'est ce qu'on fait ? Du coup, on met tout en webcam. Donc, les professeurs enseignent par webcam et les élèves apprennent à prendre des cours par webcam. En fait, après, effectivement, on a fait un mix. Et aujourd'hui, ce qu'on peut voir, c'est que déjà, après le covid, tous les élèves prennent des cours. Avant, c'était vraiment les élèves en difficulté qui prenaient des cours de soutien scolaire. C'était réservé aux mauvais élèves. Pendant le covid, tout le monde voulait des cours, les bons élèves aussi. Après le covid, évidemment, il y a les bons élèves qui ont continué. Et puis, aujourd'hui, en fait, quand il y a des vacances scolaires, quand le petit part au ski avant, on arrêtait les cours parce que le professeur, il ne pouvait pas être à côté de l'élève. Aujourd'hui, ça continue en visio. Et donc il y a un mix aujourd'hui qui s'est opéré entre présentiel et visio.

Vous disiez 100 millions d'élèves depuis le début. Aujourd'hui, en France, combien sont-ils à prendre des cours ?

Un million, à peu près.

Pas de levée de fonds par contre ?

Toujours pas, dans la liberté.

Préférez-vous un objectif à plus long terme que 2025 ?

L'objectif déjà, c'est d'apprendre avec mon équipe, de kiffer avec mon équipe. J'ai une équipe vraiment formidable. Et l'objectif est d'être présent dans tous les pays du monde. 2025, ce seront 100 pays. On a encore un peu de pays encore à faire, mais vraiment, je pense que l'éducation et le partage des connaissances, c'est quelque chose d'universel et tout le monde doit avoir accès à la meilleure façon d'apprendre, avec un professeur particulier.

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