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Pierre Gattaz (Medef) : face à Donald Trump, "il faut que l’Europe se ressaisisse"

Pierre Gattaz, président du Medef, était l'invité de l'interview éco lundi 4 juin sur franceinfo.

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Pierre Gattaz, président du Medef, le 4 juin 2018 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

PSA a annoncé lundi 4 juin avoir commencé la suspension de ses activités en Iran, pour se conformer à la législation américaine. Une "très mauvaise nouvelle" pour Pierre Gattaz, président du Medef jusqu'au 3 juillet, et invité de franceinfo ce lundi.

Face aux menaces de sanctions économiques américaines, "il faut que l'Europe se ressaisisse", a estimé le patron des patrons. Également interrogé sur les aides publiques aux entreprises, Pierre Gattaz a milité pour une baisse de la fiscalité, et donc des dépenses publiques.

franceinfo : PSA Peugeot-Citroën annonce commencer à se retirer d'Iran, sous la pression des Etats-Unis. Le groupe a-t-il raison ?

Pierre Gattaz : C'est une très mauvaise nouvelle, mais PSA n'a pas le choix. Vous avez des sanctions. Si vous n'appliquez pas ce que demandent les Américains, vous pouvez être sanctionné lourdement par des pénalités et par une interdiction de vendre sur le marché américain, ou en dollars. Que fait l'Europe ? Qu'est-ce qu'on fait ? La réponse sera forcément politique et sera forcément européenne. Je crois qu'il faut que l'Europe évolue face à des géants, américains, chinois. Vous avez aussi la Russie, l'Inde, et plus tard, l'Afrique. Face à eux, il faut que l'Europe ait une réponse. Sur les sanctions et contre-sanctions, pour le court-terme, je crois que malheureusement on n'a pas le choix. Lorsque les Américains nous imposent des taxes élevées sur l'aluminium et l'acier, la seule solution que nous avons, c'est d'imposer des sanctions en contrepartie. Mais à terme ce n'est pas du tout la solution. Sanction contre sanction, vous montez dans une escalade de violence très mauvaise pour le commerce mondial, la croissance mondiale. Nous sommes dans une période perturbée. Il faut que l'Europe se ressaisisse. Qu'on continue à sauver le multilatéralisme pour éviter ce protectionnisme.

Le gouvernement veut supprimer certaines aides publiques aux entreprises, jusqu'à 5 milliards. Par où faut-il commencer ?

Je n'aime pas du tout le terme "aides". Ce sont des dispositifs d'incitation fiscale mise en place parce qu'en France, la fiscalité est trop lourde. Il y a eu des avancées comme la flat tax. Aujourd'hui nous sommes dans une situation française de très lourde fiscalité ; c'est surtout cela le problème. Il faut baisser la fiscalité, et pour cela, baisser le niveau des dépenses publiques. Je n'accepte donc pas cette suppression si on ne fait pas en parallèle une baisse des dépenses publiques et de la fiscalité générale.

La France octroie 140 milliards d'euros d'aides aux entreprises. Peut-elle se permettre des dispositifs aussi élevés ? Acceptez-vous que les entreprises fassent elles aussi un effort ?

Cela vient des 57% de dépenses publiques en PIB que nous avons. Nous sommes champions d'Europe de la dépense publique. La moyenne européenne est à 49% du PIB, les Allemands sont à 44%, les Britanniques sont à 42%. On peut regarder évidemment le problème en se demandant quelles aides sont utiles ou pas. je dis de faire attention aux dégâts collatéraux. Il faut regarder, mais surtout baisser les dépenses publiques pour supprimer à terme ces 140 milliards d'aide. Si nous étions dans un pays normal, nous n'aurions pas besoin de donner ces aides aux entreprises. Nous ne sommes pas dans un pays normal.

Laurent Berger, numéro 1 de la CFDT évoque le "patronat ringard bloqué au 20e siècle". Que lui répondez-vous ?

Je ne comprends pas, parce que je lui ai proposé pendant mes cinq ans de mandat, des discussions, des débats, sur les grandes mutations du monde, sur les impacts sur le travail, la formation, l'employabilité, sur la simplification de notre code du Travail. Je regrette qu'il continue de penser que nous sommes contre le dialogue social. Nous ne sommes pas contre le syndicalisme, qui est nécessaire. Mais ces réunions que j'ai proposées, souhaitées, elles ne sont pas venues.

Dans la campagne interne au Medef, il y a un débat sur le paritarisme [gestion de plusieurs organismes menée par le patronat et les syndicats, comme l'assurance-chômage]. Le Medef doit-il continuer à s'occuper du social ?

On ne va pas supprimer tout le paritarisme. Le paritarisme doit être trié. Il y a celui de gestion et celui de négociation. Des sujets comme la formation professionnelle sont absolument importants. Sur l'Agirc-Arrco, les retraites complémentaires, nous avons fait de belles négociations. Il y a des choses qui peuvent fonctionner. Après, il faut trier. Surtout dans l'inversion de la hiérarchie des normes sociales : nos entreprises sont de plus en plus amenées à travailler avec leurs salariés dans le dialogue social. Je crois qu'en effet nous avons moins besoin de paritarisme et de grands accords interprofessionnels.

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