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Taxe sur les grands aéroports : "Elle ne va pas aider à investir dans des nouvelles générations d'avions", regrette le directeur général d'EasyJet France

Le gouvernement a annoncé une taxe sur les autoroutes et les grands aéroports, dans le plan de la transition écologique. Bertrand Godinot, directeur général d'EasyJet en France, désapprouve cette taxe alors que l'entreprise vient d'investir dans des avions moins polluants et dans des capteurs de CO2.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Bertrand Godinot, directeur général d'EasyJet France (franceinfo)

Le gouvernement a annoncé, mercredi 27 septembre, la création d'une nouvelle taxe sur les infrastructures d'autoroutes et les grands aéroports. Elle sera examinée à partir d'octobre au Parlement, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024. Le directeur général d'EasyJet en France, Bertrand Godinot, regrette cette taxe alors que l'entreprise fait des efforts par l'innovation et l'investissement.

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franceinfo : Vendredi 13 octobre, un mouvement intersyndical va porter sur les salaires en France. La Direction générale de l'aviation civile a recommandé d'annuler 40% des vols à Orly, où opère EasyJet. Quel impact pour vous ?

Bertrand Godinot : On est obligé de suivre les règles. On fait le maximum pour assurer les vols qu'on peut opérer. Et surtout on propose des solutions aux passagers qui sont impactés par une action pour essayer de les faire passer soit sur un autre aéroport, soit sur un autre horaire. Demain, il y a une soixantaine de vols annulés sur la France, en général.

EasyJet est la deuxième compagnie aérienne en France et la première, quand on regarde les low-cost. Vous le savez, il y a une taxe en préparation sur les infrastructures de transport longue durée. C'est dans le projet de loi de finances. Sont concernés les autoroutes et les grands aéroports, Charles-de-Gaulle et Orly, d'où partent bon nombre des lignes que vous opérez, est-ce que vous la craignez, cette taxe ?

En fait, on essaie de comprendre quel est l'intérêt d'une taxe par rapport à une incitation. On est beaucoup plus motivé par une incitation. On a annoncé, il y a quelques mois, une feuille de route pour ne plus avoir d'impact carbone. On ne pense pas que les taxes vont aider pour investir dans des nouvelles générations d'avions. Au contraire, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on investit de manière massive.

"On annonce aujourd'hui une commande de 157 avions de nouvelle génération."

Bertrand Godinot

à franceinfo

Mais en attendant, cette taxe est dans le projet de loi de finances, qui sera débattu à partir de la semaine prochaine dans l'hémicycle. Aéroports de Paris a déjà dit qu'elle serait répercutée sur les compagnies aériennes, donc sur EasyJet notamment.

Malheureusement, cela sera répercuté sur les passagers. On ne voit pas le lien entre une taxe de ce type-là et l'objectif d'un point de vue environnemental. Donc on s'y oppose. Mais avant tout, on essaie d'innover.

Sachant que Ryanair, qui opère à Beauvais, ne sera pas concerné. Ben Smith, le patron d'Air France, parle de distorsion de concurrence. Vous êtes d'accord avec ces propos ?

Nous, on pense qu'il faut relayer l'objectif de la taxe, qui est environnemental, et la réalité. Et on pense qu'il n'y a pas de lien entre les deux.

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L'annonce du jour, chez EasyJet, c'est une grosse commande : 157 avions supplémentaires commandés à Airbus pour un total de 20 milliards d'euros. C'est signe de bonne santé ça ?

On est vraiment très heureux de cette annonce. On ressort de trois années particulièrement compliquées. On vient d'annoncer aujourd'hui nos meilleurs résultats pour un trimestre d'été de toute l'histoire d'EasyJet. C'est une très bonne nouvelle, avec un profit entre 440 et 460 millions de livres. Ça, c'est une bonne nouvelle, avec une croissance de l'activité de 8% en termes de nombre de passagers. Mais surtout, ce qui est intéressant, c'est que ça nous permet d'investir dans le futur avec ces avions-là. Comme je l'ai dit, ils consomment moins, ils émettent moins de kérosène. On a aussi augmenté la taille des avions qu'on avait commandés. Et en fait, ce qu'ils permettent, c'est de consommer moins.

"Cette commande permettra d'avoir plus de passagers dans des avions plus grands et donc de continuer à minimiser l'impact carbone de chacun des trajets."

Bertrand Godinot

à franceinfo

N'empêche que vous émettez quand même du CO2 : 6,4 millions de tonnes de CO2 l'an dernier. Vous avez, en parallèle de cette commande, signé un autre contrat avec Airbus pour capter directement le CO2.

Effectivement, Airbus est un gros partenaire industriel. On est la première compagnie low-cost à avoir annoncé une vraie feuille de route vers la neutralité carbone en 2050. Il s'agit de capturer le carbone, et le principe, c'est d'avoir des espèces de gros ventilateurs qui vont permettre de capturer le carbone et de le remettre dans le sol. Ainsi, on limitera l'impact carbone qui est encore le nôtre aujourd'hui.

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