Défenseur des droits : Hollande a réussi à avoir Toubon
Tout le monde avait prédit un destin funeste à l’ancien garde des sceaux de Jacques Chirac, qui a finalement été élu à 60 % des voix au sein des commissions des lois de l’Assemblée et du Sénat. Pour un paria, l’exercice aura tourné au plébiscite. A la trappe, les polémiques sur ses prises de position du passé : Jacques Toubon, l’air guilleret, savoure son indéniable succès.
C’est au Sénat que les réticences ont été les plus fortes : "les communistes avaient décidé de voter contre moi, même si je connais Robert Hue ", raconte Jacques Toubon dans un éclat de rire, "tout simplement parce qu’ils votent contre toutes les lois de François Hollande. Moi inclus ". Le chef de l’Etat, qui assumait son choix, avait récemment confié, avec l’humour qui le caractérise : "ce que la majorité a du mal à comprendre, c’est que quand on décide de nommer quelqu’un de droite, il est vraiment… de droite, il n’est pas de gauche".
L’Elysée avait décidé de tenir bon
Il n’était pas question pour François Hollande de revenir sur sa proposition, déjà soumise au Parlement, il ne pouvait plus reculer. "Nous sommes très contents, le résultat n’est pas une surprise compte tenu de la personnalité, du parcours et de la motivation de Jacques Toubon", explique l’entourage présidentiel, avant d’ajouter : "il s’est assagi au sens politique du terme, il sera un très bon Défenseur des droits. Il ne va pas nous ménager, et c’est bien, il fera le job". Emballé, c’est pesé. La nomination sera entérinée mercredi prochain en Conseil des ministres.
Jacques Toubon a lui déjà des projets. Et il est intarissable quand vous lui demandez ce qu’il va faire. "Je vais m’installer aux commandes dès le 17, écluser les dossiers qui se sont accumulés depuis la disparition de Dominique Baudis ", explique le nouveau défenseur des droits, qui veut "déclarer la guerre à l’injustice ", et traiter en priorité la lutte contre les discriminations, ou encore les difficultés liés aux origines ou à la filiation. Le paradoxe, conclut Jacques Toubon est que "mes détracteurs ont devant eux quelqu’un dont la visibilité est accrue, parce qu’ils m’ont fait une publicité terrible ".
François Hollande ne s’en tire pas trop mal
Avec cette nomination réussie, malgré quelques réticences au PS, et après les récentes critiques de Jean-Louis Debré formulées à l’encontre de Nicolas Sarkozy, François Hollande trouve dans le clan chiraquien un allié de circonstance. La filière corrézienne fonctionne encore.
L’Elysée fait les comptes : le choix de Toubon, les deux votes positifs, budget rectificatif et sécurité sociale, le fait d’avoir résisté face à la grève à la SNCF, et de ne pas avoir paniqué quand deux syndicats ont claqué la porte de la conférence sociale, François Hollande estime avoir bien fait de "tenir bon". Même si ça tangue de tous les côtés. Et ça, c’est parti pour durer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.