François Hollande pris en défaut par une crise qui dure
Optimiste, François Hollande l'était encore il y a un mois à
Dijon. La crise, il en parlait alors au passé : "C'est vrai que la
crise que nous avons traversée a été rude, je parle déjà au passé composé,
presque à l'imparfait. Pourquoi ? Parce que nous devons en sortir. "
François Hollande contraint de revoir ses conjugaisons :
de l'imparfait il passe au futur. "Quand allons nous sortir de la crise ?
C'est la question que vous vous posez et je dois dire que je me la pose aussi,
parce que cette crise est longue, très longue, trop longue ", déclarait le
président mercredi 17 mars, en clôture du forum nouveau monde, à l'OCDE.
Des explications difficiles
Longue est la crise, difficile est l'explication du
changement de braquet présidentiel. A l'Assemblée, les socialistes Jean-Jacques
Urvoas et Bruno Le Roux s'y essaient, métaphores marines à l'appui.
"Je n'ai personnellement pas entendu que la crise
était derrière nous. Que des tempêtes étaient derrière nous, cela ne voulait pas
dire que l'océan était calme. " (Jean-Jacques Urvoas)
"La tempête c'est quand on est balloté de tous les côtés.
La France n'est plus ballotée, elle ne va plus de crise en crise. Il n'y a plus
au niveau européen les 17 sommets que nous avions connus avec Nicolas Sarkozy. La
crise elle est toujours là. " (Bruno Le Roux)
Une opposition pas convaincue
La crise est toujours là, mais les tempêtes sont derrière nous.
Une nuance qui ne convainc pas le député UMP de la Drôme Hervé Mariton : "Le
gouvernement n'a pas de cap économique et n'a pas de stratégie budgétaire
solide. On parle beaucoup d'ajustement automatique, stabilisateur, mais vous
savez quand on est marin on dit mettre la cape. On plante le bateau au milieu
de la mer et ensuite on le laisse bouger comme il peut. "
Une métaphore maritime toujours pour Hervé Mariton, mais une
métaphore aéronautique pour l'ancien ministre Patrick Ollier. "Quand on
vous dit que l'on a l'impression qu'il n'y a plus de pilote dans l'avion nous
ne nous trompons pas. Une fois c'est blanc, une fois c'est noir. Comment
voulez-vous que l'on est confiance ? "
Le gouvernement n'est pas sincère ?
Un gouvernement qui navigue à vue, qui nie la réalité et qui
ment. C'est ce que dénonce l'opposition, chiffres à l'appui.
Le programme de stabilité budgétaire, présenté hier matin,
suscite le scepticisme de plusieurs organismes indépendants. Le FMI, l'OFCE, et
le Haut conseil des finances publiques, tout juste installé, prévoient tous une
récession pour 2013, alors que le gouvernement table sur une croissance -
certes atone - de 0,1%.
De quoi mettre à mal les promesses de réduction des déficits
et d'inversion de la courbe du chômage d'ici la fin de l'année. De quoi
nécessiter aussi de nouvelles hausses d'impôts,
six milliards l'an prochain dit le gouvernement, 20 milliards, rétorque
l'opposition. Valérie Pécresse, députée UMP et ancienne ministre du Budget,
dénonce par ailleurs l'insincérité du budget voté à l'automne.
"Nous savons que la croissance ne sera pas de 0,8%,
elle sera de 0,1%. Le budget 2013 qui a été voté n'est donc pas sincère. Nous
voulons un collectif budgétaire pour connaître l'état exact des rentrées
fiscales dans notre pays, l'état exact des dépenses. Nous avons tout lieu de
croire que les dépenses sont en train de déraper, que les rentrées fiscales n'arrivent
pas et que le déficit sera plus important que prévu. "
Les budgets insincères, Valérie Pécresse sait ce que c'est. La
chose est devenue une habitude, sous toutes les majorités même si la gravité de
la crise jette une lumière particulièrement crue sur ces petits arrangements
avec la réalité économique.
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