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Le double sauvetage d'Alstom et de Montebourg

En laissant Arnaud Montebourg annoncer lui-même sur France 2 le montage imaginé autour d'Alstom, François Hollande offre à son ministre de l'économie la possibilité de rester, en gardant la tête haute, au sein du gouvernement.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Les mauvaises langues parlent déjà de l’homme qui valait 2 milliards - l’allusion est dans le Figaro ce matin… Il y a en tous les cas une formule magique qui semble avoir été concoctée jeudi soir dans le bureau présidentiel, avec les acteurs concernés, en même temps que le montage final de ce dossier à haut risque : Alstom, « c’est l’anti-Florange ». Expression utilisée dès le lendemain par Manuel Valls, lors de sa visite au Creusot. Le Premier ministre évoquait la méthode qui a pris le contrepied du psychodrame politique de l’automne 2012 : Arnaud Montebourg, très investi en faveur d’une nationalisation partielle des hauts fourneaux de Florange, s’était senti humilié par Jean-Marc Ayrault, partisan de Mittal. François Hollande avait retenu in extrémis un Montebourg au bord de la démission, et qui n’a eu cesse ensuite de manifester son mépris à l’égard de l’ex Premier ministre. Manuel Valls, qui a été soutenu par son ami Arnaud pour son accession à Matignon, a même enfoncé le clou au sujet d’Alstom : « sur ce choix, nous le devons beaucoup à l'engagement d'Arnaud Montebourg. »

 

Une demi-vérité

 

Malgré les gros titres sur une « victoire » supposée du ministre de l’économie, la réalité est plus subtile. Le dossier a été intégralement piloté depuis l’Elysée à coup de réunions discrètes. François Hollande, contrairement à son prédécesseur, a fait le choix de rester pour l’instant en retrait, sans doute dans l’attente des négociations finales avec General Electric. Et a laissé son bouillant ministre monter au créneau hier soir au 20h de France 2 pour nous dire tout et son contraire : tout, à savoir sa conviction profonde sur le rôle de l’Etat stratège, Julie Bloch-Lainé y reviendra longuement dans un instant. Et son contraire : depuis le premier jour, le ministre de l’Economie a défendu bec et ongles l’offre Siemens, mariée ensuite à Mitsubishi, dans l’idée de constituer un champion européen. François Hollande lui a imposé General Electric, mais lui a offert sur un plateau la participation de l’Etat, et surtout le tout premier rôle sous les feux de la rampe.

 

Lontebourg sur le départ

 

Le titre du NouvelObs la semaine dernière, « la bombe Montebourg, sa démission programmée », a alerté l’exécutif qui y a vu se profiler une nouvelle crise de régime. A éviter à tout prix au moment où s’ouvre - cet après-midi - le débat budgétaire à l’Assemblée. Imaginez : les frondeurs rejoints par le révolté de Bercy, le troisième homme de la primaire, dont le discours « made in France » très vigoureux séduit à gauche, et au-delà. Question finale, en guise de clin d’œil : qui de François Hollande ou d’Arnaud Montebourg, à l’approche de 2017, reprendra à son compte la tirade de Nicolas Sarkozy,  « j’ai sauvé Alstom ».

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