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Le pacte Juppé-Bayrou qui énerve la droite

Alain Juppé et François Bayrou, en meeting ce samedi soir à Pau, vont sceller " le pacte d'Aquitaine ". Ce duo inédit secoue à droite.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Ce tandem horripile un bon nombre
de barons de l'UMP... ou plutôt : il les inquiète. Alain Juppé apportera
demain son soutien à François Bayrou, lors d'un meeting commun dans la ville de
Pau, là où se présente le président du Modem. Ce qui met en transe
Jean-François Copé : le président de l'UMP ne voulait pas d'une
candidature Bayrou et a dû avaler son chapeau. Ou encore Henri Guaino :
l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy accuse le leader centriste d'être
responsable de la défaite de la droite en 2012, en appelant à voter pour
François Hollande, après avoir fait les yeux doux à Ségolène Royal cinq ans
auparavant. Ce qui signifie que Bayrou
pèse toujours aux yeux de l'UMP.

* "Trop c'est trop, il ne s'excuse
pas, il ne regrette pas, et en plus, Alain Juppé va le soutenir* ",
s'irrite Guaino, même si depuis la présidentielle, François Bayrou a fait
machine arrière, après avoir tendu la main à un PS qui n'a pas hésité le battre
à la législative de Pau. Sans compter ses discussions secrètes avec François
Hollande qui n'ont mené à rien. Le virage social-démocrate du chef de l'Etat
arrive trop tard. Le patron du Modem est déjà ailleurs.

Sur quoi repose son alliance avec Alain Juppé ?

Tout d'abord sur l'amitié
aquitaine, elle lie les deux hommes depuis toujours. Et sur un respect mutuel
basé sur un ensemble de valeurs républicaines. Même si Alain Juppé, en
cofondant l'UMP en 2002, est celui qui a mis en place à l'époque une machine
destinée à tuer l'UDF. La famille
centriste n'a depuis jamais cessé de se diviser, en Modem, Nouveau Centre, UDI,
au point de devenir illisible, jusqu'au récent pacs Borloo-Bayrou, qui n'a pas
encore fait ses preuves.** Aujourd'hui, c'est au tour de l'UMP de connaître
une crise d'identité profonde, aggravée par le divorce Copé-Fillon et l'affaire
Buisson. Comme Nicolas Sarkozy maintient le mystère autour de son éventuel
retour, Alain Juppé, très haut dans les sondages, prend son autonomie et apparaît
comme un possible recours: le maire de Bordeaux, qui vise une réélection dès le
premier tour le 23 mars, incarne désormais l'expérience et la sagesse, tournant
le dos à la vision trop droitière d'une UMP qui court en vain après le Front
National.

D'où l'idée d'un ticket Juppé-Bayrou ?

Vous avez deux vétérans, républicains,
démocrates, de droite modérée, qui ont tout connu : Alain Juppé, qui prépare
discrètement l'avenir même s'il déteste qu'on lui parle de 2017. Et François Bayrou qui travaille
à sa propre résurrection. Elle passe par une très difficile élection à Pau,
fief de gauche. Le dernier sondage Ipsos le donne gagnant quel que soit le
scénario de deuxième tour mais ce sera dur.

L'idée pour les deux hommes
serait de bâtir un projet politique commun, pour tenter de répondre à la
déception de bon nombre d'électeurs, y compris de gauche. Un responsable
centriste évoque déjà un ticket Juppé-Elysée et Bayrou-Matignon dans trois ans.
C'est encore loin.Ce pacte d'Aquitaine, et il y
aura sans doute d'autres associations de ce type, et de tous les bords, démontre que les coutures des partis politiques traditionnels sont en train de
craquer, parce que ces familles fracturées sont en déphasage avec une opinion
mécontente, qui réclame de l'écoute et de la compétence. Un début de programme.

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