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Le parti socialiste en proie au doute

L'affaire Cahuzac, la crise économique, les sondages calamiteux : en pleine tourmente, le gouvernement ne peut guère compter sur le parti socialiste, lui aussi en proie au doute.
Article rédigé par franceinfo
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Un parti, c'est : "Une belle et bonne chaussure. Les
militants doivent être des godillots
". C'est ce que déclarait Jean-Pierre
Chevènement, juste après la victoire de 1981. Au siècle dernier, donc, autant
dire à des années-lumière, tant le parti socialiste, dans sa fonction de
soutien comme d'anticipation de la politique gouvernementale, est "à la
ramasse
".

C'est en tout cas ce que dénoncent les ministres, qui n'ont
pas de mots assez durs à l'encontre de la machine socialiste : "inaudible",
"absent", "le parti ne nous aide pas". Il faut dire que le
parti n'est ni content, ni en forme, et cela s'est vu il y a deux jours. Un
conseil national du PS à l'ambiance crépusculaire, un Premier ministre et un
premier secrétaire mollement applaudis contrairement aux salariés de l'usine
PSA d'Aulnay, qui ont bruyamment interrompu la réunion, et ont reçu l'ovation
d'une partie de la salle.

Une fracture au sein du PS

Un climat social explosif qui s'invite au conseil national et
qui révèle une fracture au sein du PS. Changer de politique, voire de gouvernement,
c'est ce que réclame une partie des socialistes. La semaine dernière, trois
ministres ont donné de la voix contre une politique d'austérité qui ne dirait
pas son nom. Un discours repris à la tribune du conseil national par Emmanuel
Maurel, un des leaders de l'aile gauche du PS : "Expliquer qu'il y a une
différence entre sérieux et rigueur, entre austérité et rigueur. Franchement
cette différence je la trouve un peu spécieuse. Quand on coupe dans les
dépenses publiques, quand on envisage de couper dans les dépenses sociales, on
pourra toujours dire "ce n'est pas de la rigueur c'est du sérieux",
moi j'ai l'impression que c'est rigoureusement la même chose.
"

Il faut un "nouveau pacte majoritaire rouge, rose,
vert", incluant le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Voilà ce que
réclame la gauche du PS, qui n'est pas la seule à donner de la voix. D'autres,
comme l'ancien strauss-kahnien François Kalfon, membre de la "Gauche
populaire", souhaitent un changement de fonctionnement au sein de la
majorité. Chacun doit pouvoir dire sereinement ce qu'il pense.

"Nous ne tiendrons pas quatre ans comme cela. Parler sainement
de politique de façon détendue entre nous, ce n'est pas générer des couacs et
le débat soulevé est un débat sain qui doit pouvoir se déployer sereinement au
sein du Parti socialiste
."

Harlem Désir se défend

Dans le viseur de beaucoup de monde, au gouvernement et dans
le parti, Harlem Désir, le numéro un socialiste, essuie toutes les critiques,
mais à la tribune reste stoïque.

"Le problème n'est pas notre distance avec le
gouvernement c'est notre proximité avec les Français. Face aux difficultés, je
veux une gauche de soutien et de terrain. Une gauche de soutien au président de
la République et une gauche de terrain auprès des Français.
"

"Halte à la cacophonie et au bal des egos ", s'exclame Harlem
Désir. "Les couacs, ça suffit, les concours de petites phrases, les snipers qui
tirent systématiquement contre leur camp, ça suffit
". De son côté, le Premier
ministre, Jean-Marc Ayrault, tente de défendre sa politique quitte à réactiver
le spectre de la division. Ces fameuses deux gauches qui seraient
irréconciliables.

"Il y a toujours eu une partie de la gauche pour
préférer rêver de l'idéal, pour mieux éviter de se confronter au réel. Il y a
une gauche à laquelle je crois. La gauche qui prend ses responsabilités, la
gauche qui agit. Nous avons été choisis pour faire face et nous faisons face.
"

Motiver les troupes

Et pendant que Jean-Marc Ayrault se défend à la tribune, en
coulisses, Stéphane le Foll, ministre de l'Agriculture, essaie de remonter le
moral des troupes.

"Il ne faut pas que l'on donne l'impression d'être
totalement rincé. Il faut que l'on donne l'impression qu'il en reste encore
beaucoup sous la pédale et surtout que l'on a confiance.
"

"Rincés", et en manque de "confiance",
c'est précisément l'état dans lequel se trouvent le gouvernement et le Parti Socialiste.

 

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