Les investissements d'avenir jouent les rustines pour la majorité
Il existe une différence entre un mathématicien et un écolo politique : c'est que pour l'écolo, moins par plus égal plus. La semaine dernière, le moins a provoqué l'émoi chez les écolos avec Delphine Batho débarquée du gouvernement pour avoir jugé mauvais son budget 2014 sabré de 7%. Ce mardi, Jean-Marc Ayrault a donc bien pris soin de passer du baume en insistant sur le côté vert des mesures de son plan d'investissement d'avenir : "La moitié sera consacrée à des investissements directs ou indirects pour la transition écologique, dont un plan sans précédent d'économies d'énergie et d'efficacité énergétique et de rénovation thermique. Et tous les projets qui seront dans les appels d'offres auront tous des conditions d'éco-conditionnalité. Et c'est une rupture ".
Le financement des mesures écolos ne constitue que le second poste d'investissement après la recherche et les facs et c'est souvent indirect. Mais après la grosse colère de la semaine dernière, les écolos espéraient une réconciliation. C'est en bonne voie pour le député de Paris Denis Beaupin : "Il y a une inflexion significative par rapport à la demande portée par les écologistes sur le fait qu'il fallait confirmer l'importance de l'écologie pour ce gouvernement. Les rumeurs étaient plutôt plus négatives que cela, donc ça voudrait dire qu'il y eu une volonté de marquer une évolution. Là, c'est 50%, je pense qu'on peut considérer que c'est un bon signal ".
Les écolos sont donc en passe de rester au gouvernement. Mais ils ont listé plusieurs rendez-vous qui serviront de critères d'évaluation. Le co-président du groupe à l'Assemblée, François de Rugy : "Nous l'avons dit lors du clash avec Delphine Batho il y a une semaine : nous n'allons pas réagir sur chaque évènement en considérant que la politique du gouvernement se joue sur une annonce. Tant mieux que le gouvernement soit au rendez-vous sur les investissements d'avenir. Il y aura le rendez-vous de la fiscalité écologique à l'automne, celui de la conférence environnementale, celui de la loi sur la transition énergétique. Et nous souhaitons que le gouvernement soit au rendez-vous sur l'ensemble de ces sujets ".
Budget du ministère
Mais le budget 2014 du ministère de l'Ecologie reste une pierre d'achoppement. La question a provoqué la crise de nerfs de la semaine dernière. Reçu hier à l'Elysée, le sénateur Jean-Vincent Placé demande qu'il augmente de 3%. La ministre socialiste débarquée Delphine Batho estime quant à elle que le plan d'investissement est insuffisant pour assurer la transition énergétique. L'opposition de son côté dénonce une opération politique sans réelle cohérence. Le député UMP Thierry Solère : "Six milliards d'euros c'est le prix pour les Français de la démission de Mme Batho et du fait qu'il faut que Mme Duflot soit au gouvernement et rassurée. Au fond, tout le monde veut des investissements d'avenir et d'environnement. Ce qu'il faudrait pour cela, c'est avoir des stratégies industrielles un peu cohérentes. Aujourd'hui, il n'y en n'a pas. Les Verts font du chantage. Et les Français sont ponctionnés d'impôts matin, midi et soir et six milliards d'euros c'est une ponction pour régler un petit problème politique au sein de la majorité ".
Le plan ne convainc pas non totalement plus les ONG. Et plusieurs mesures du plan sont en fait du recylage de mesures déjà en oeuvre, ce qui en soi peut passer pour une version politique de la transition énergétique.
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