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L’éventuel retour de Nicolas Sarkozy vire désormais au casse-tête

Après la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour "corruption active", la question de son retour en politique se pose. Acharnement ou mauvais moment à passer ?
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Nicolas Sarkozy mis en examen pour "corruption active". Et maintenant ? Un ancien président dans une telle posture, quel que soit la réalité des faits qui lui sont reprochés, c’est un "choc " - le mot est sur toutes les lèvres depuis mardi - une page tournée dans l’histoire de la Vème République. Le statut d’intouchable, d’indéboulonnable du chef de l’Etat, tel que le concevait le Général de Gaulle, vient d’être mis à terre.

 

La plupart des ténors de l’UMP, François Fillon et Alain Juppé en tête, mais aussi les prétendants à la relève Xavier Bertrand ou Bruno Le Maire ont gardé le silence mardi – et encore c’était avant la mise en examen : pas question pour eux de donner la sensation d’exploiter l’évènement. Surtout qu’aucun d’entre eux n’est en mesure d’imaginer la suite : mais que donc va décider l’ancien président, qui était déterminé à y aller avant cet épisode ?

 

Jean-Pierre Raffarin n’a prononcé que deux mots à ce sujet : "gravité et responsabilité ", en ouverture d’un bureau politique de l’UMP à l’ambiance lourde mardi soir. Et tout le monde est passé à l’après-Bygmalion. Histoire de se changer les idées.

L’"acharnement", c’était le mot du jour ?

Le mot-clef, l’élément de langage répété par tous les amis de Nicolas Sarkozy, reste d’actualité après sa mise en examen. Avec en prime, cette fois, une dose d’indignation voire de colère de la part de Brice Hortefeux, qui dénonçait dès hier "un emballement médiatique " à l’encontre de celui qui serait la cible des juges et des médias "parce qu’il brille plus que les autres ". L’annonce de la mise en examen a été officialisée au cœur de la nuit, peu après 2h du matin. La riposte va s’organiser. L’entreprise de victimisation tourne à plein régime. Et elle ne va pas s’arrêter.

Elle va lui servir ?

Un proche de l’ex-président affirmait mardi soir, mise en examen ou pas, que ce qui se produit ne changera en rien sa décision à venir au détour de l’été. Nicolas Sarkozy vit le moment comme une épreuve de plus. Estimant que rien ne lui a été épargné. Son plan de reconquête est déjà dans les cartons : congrès à l’automne, puis changement du logiciel de la droite dans la foulée, avec la mise en route d’une sorte de constellation de la droite et du centre. Avec le soutien des militants UMP. Ça, c’était avant.

Et maintenant ?

Le noyau dur lui reste fidèle. Mais la cote d’amour de l’ex-président commence peu à peu à s’effilocher : peut-il mener l’opposition à la bataille avec un feuilleton judiciaire permanent qui va pourrir son agenda politique ? Il a été blanchi dans l’affaire Bettencourt sept mois après sa mise en examen. Mais est-ce que ce sera le cas cette fois ? Et puis il y a l’argent. Les militants, mis à contribution lors du Sarkothon, se demandent où sont passés les millions ? C’est l’effet double-lame : l’affaire Bygmalion n’a pas encore délivré ses secrets. Nicolas Sarkozy, présomption d’innocence oblige, peut revenir à la tête du parti. Mais après ? La question n’est pas tranchée. 

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