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Municipales de Neuilly-sur-Seine : MAM hésite

Michèle Alliot-Marie va-t-elle livrer bataille à Neuilly-sur-Seine ? Les grandes manœuvres municipales ont commencé. Mais les vieux reflexes claniques n'ont plus la cote.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Il est l'homme à abattre dans
l'ancien fief de Nicolas Sarkozy, celui que l'UMP veut déloger coûte que coûte de
la mairie de Neuilly-sur-Seine pour laver l'affront d'il y a six ans: Jean-Christophe Fromantin veut non seulement
conserver son fauteuil de député-maire, sous son étiquette centriste de l'UDI.
Mais il vient de s'offrir le luxe d'humilier une nouvelle fois le clan
sarkozyste des Hauts-de-Seine, en envoyant balader Jean Sarkozy, excusez du peu.
Le fils de l'ancien président a fait des démarches en juillet auprès du maire
rebelle pour figurer sur sa liste municipale en mars prochain. Jean-Christophe
Fromantin n'y a pas donné suite et n'a même pas daigné répondre au téléphone à
la rentrée. L'insolent est allé jusqu'à soutenir des candidats opposés à des maires
sarkozystes historiques dans les villes voisines du 9-2. Digne des incidents du
golfe du Tonkin : les hostilités sont ouvertes.

Et c'est là que Michèle Alliot-Marie entre en scène.

Qui de mieux qu'une ancienne
ministre de la Défense et de l'Intérieur, rompue au maintien de l'ordre public,
pour aller déloger le forcené de Neuilly ? L'heure des représailles a
sonné. L'UMP altoséquanaise a donc proposé à MAM, aujourd'hui sans mandat
depuis sa défaite aux législatives de Saint-Jean-de-Luz, et vraie résidente
neuilléenne, d'aller guerroyer contre le Fromantin. Roger Karoutchi, secrétaire
départemental de l'UMP, est allée la démarcher, avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy
en personne, qui aimerait que son clan récupère ses anciennes dépendances. Un
sondage est en préparation sur les chances de MAM de l'emporter.

Et quelles sont-elles, ses chances ?

Quasiment nulles, et c'est un
fidèle soutien de l'ancien président qui le dit : l'électorat de Neuilly-sur-Seine,
entre ménagère chic et patron du CAC, ne porte certes pas de bonnet rouge, mais
n'a plus envie de voir la vie communale parasitée par des calculs
d'appareil : du coup, Michèle Alliot-Marie réfléchit, pour ne pas dire hésite
très fortement. MAM est, à la vérité, bien plus tentée par la tête de liste UMP
aux européennes dans le sud-ouest, voire en Ile-de-France, plutôt que par ce bourbier
local, dans l'enfer du 9-2, face à un maire très bien implanté, où il n'y a que
des coups à prendre. Personne n'a oublié l'épisode Claude Guéant, parachuté à
Boulogne-Billancourt pour des législatives les doigts dans le nez, et balayé
par le régional UMP de l'étape Thierry Solère.

Nicolas Sarkozy ne fait plus recette ?

Intuitu personæ, oui. Mais
l'ex-président rencontre un problème patrimonial : sa popularité, toujours
intacte dans les Hauts-de-Seine, ne lui donne plus pour autant droit de vie et
de mort sur les élus locaux. Les administrés de Neuilly-sur-Seine sont à
l'image de leur maire, fatigués des "combinazione" .
Jean-Christophe Fromantin, venu de l'entreprise, s'est construit contre le
sarkozysme, un pari risqué à l'époque, mais dont le succès n'a pas encore été
démenti. Il en va de Neuilly comme de l'ensemble du pays : les électeurs, quelle
que soit leur obédience ou l'épaisseur de leur portefeuille, ne supportent plus
les parachutages et la dictée électorale. Les électeurs réapprennent à penser
par eux-mêmes et semblent même sur le point de sanctionner
la cuisine politicienne et le diktat des partis. Une bouffée d'optimisme juste avant
Noël...

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