NDDL : qui valse, les Verts ou le projet ?
Et la solidarité
gouvernementale frise le crash. Notre-Dame des Landes a beau avoir été, avec
l'EPR de Flamanville, en dehors de l'accord législatif scellé en novembre 2011 entre
Martine Aubry et les Verts, bien avant l'élection de François Hollande, le
soutien aux manifestants apporté par Cécile Duflot dans le journal Le Monde représente un affront fait au
Premier ministre. Certes, la ministre du logement est conforme à ce qu'elle a
toujours dit, et n'imaginait pas que la manifestation allait mal tourner, avec
des images de guérilla urbaine dans le centre-ville de Nantes. Mais Europe
Ecologie les Verts n'a condamné les violences que loin dans son communiqué, en
petits caractères, après s'être "réjoui" du succès de la manif,
donnant des responsables politiques une image d'irresponsabilité. Reste
cette sensation que Jean-Marc Ayrault n'est plus en mesure de faire respecter
la discipline au sein de ce gouvernement. D'où la mise au point du Premier ministre
dans Ouest-France appelant EELV à
sortir de l'ambiguïté.
C'est une nouvelle crise gouvernementale ?
"Il s'adressait aux
responsables publics locaux", affirme Christophe Chantepy. Pour le
directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault, "il faut arrêter d'entretenir
des liens avec les casseurs présents dans la ZAD", la zone à défendre,
refuge des militants anti-aéroport transformé en camp retranché qui, de l'avis
des experts, devra être rasé un jour au bulldozer, les sous-bois avec, si les
pouvoirs publics veulent en finir pour de bon.
Matignon cherche à minimiser
le couac avec la ministre du logement. Nous sommes à un mois des municipales,
et il ne s'agit pas d'ouvrir une crise avec EELV qui joue pourtant sa propre partition,
sur le dos du gouvernement. Quant à Cécile Duflot, la jurisprudence Chevènement
ne s'applique visiblement pas. Un ministre peut donc l'ouvrir sans
démissionner. Il suffit d'être "d'accord sur les désaccords". La
socialiste Delphine Batho, virée pour l'exemple, doit l'avoir mauvaise. "Elle
avait osé critiquer le budget de l'écologie, Duflot a juste rappelé ses
positions", expliquait hier un proche de François Hollande. Fallait pas
toucher au grisbi ! Il n'empêche, "après les municipales, ciao les
Verts", a lâché Bernard Tapie hier sur Europe 1 . Une façon de dire tout haut ce qu'un grand nombre de
socialistes pense tout bas.
Il n'y a pas que le PS et les Verts qui se divisent à
Notre-Dame des Landes.
C'est à croire que ce projet controversé
de nouvel aéroport est devenu le Cercle rouge de la gauche toute entière, toutes
les contradictions et les lignes de fracture réunies "au jour dit, inéluctablement"
en un même lieu, comme dans le film de Melville. Jean-Luc Mélenchon a défilé
samedi, alors que le Parti Communiste soutient le projet. Le leader du Front de
Gauche, déjà en crise avec Pierre Laurent et ses accords locaux avec le PS pour
les municipales, prédit un recul du gouvernement sur Notre Dame des Landes. Certaines
voix au PS s'interrogent également: pourquoi insister ? Le dossier
explosif reste indexé sur Jean-Marc Ayrault, tant qu'il est Premier ministre.
Et François Hollande a besoin des Verts pour 2017. L'aéroport nantais, comme tant
d'autres projets, pourrait très bien rangé dans un hangar.
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