Nicolas Sarkozy sur la route du retour
"Ceci n'est pas ma rentrée politique ". Phrase de de Nicolas Sarkozy mardi devant le bureau politique de l'UMP. A ceux qui penseraient en entendant cela au célèbre tableau de René Magritte représentant une pomme et légendé "ceci n'est pas une pomme", l'ancien président précise "ce n'est pas le moment". Officiellement ce n'était pas non plus le sujet puisqu'il s'agissait de soutenir la souscription lancée par l'UMP pour tenter d'éviter la faillite financière. Mais ce dossier-là est finalement presque passé au second plan. Nicolas Sarkozy s'est hissé au dessus de ça pour son ami Patrick Balkany : "Il s'est mis à la fois dans la famille parce qu'il avait dit qu'il serait là et aujourd'hui, la famille avait besoin de lui. Mais je crois qu'il est très au dessus. Il a envie d'une réconciliation, il aime les Français, il aime la France. Il n'est plus un homme de parti. Il est un homme de la France ".
Gestion de campagne
Comment a-t-il réussi à mettre sous le tapis un sujet a priori embarrassant pour lui puisque après tout, c'est la gestion de sa campagne qui provoque la crise financière à l'UMP ?
En jouant sur l'attente qu'il provoque d'abord. Et en livrant un vaste discours, de l'unité du parti à l'Europe en passant par la crise, la compétitivité etc. Le tout habillement mis en scène via son compte Twitter, réactivé pour l'occasion. Le député des hauts de seine Thierry Solère y a été sensible : "C'était assez politique. On a peu parlé de la comptabilité de l'UMP. Il a plus parlé de la situation de la France. Si il a l'envie, on le voit bien dans l'opinion publique et dans les sondages, il y a beaucoup de gens qui attendent sont retour. Est-ce qu'il le fera ? C'est dans trois ans. On verra bien. En tout cas, il n'a pas utilisé le conditionnel aujourd'hui ".
Et Nicolas Sarkozy a multiplié les déclarations ambigües sur son retour. Lui qui connaît à fond les rouages de la communication sait comment faire passer un message en affirmant parfois le contraire. Chaud partisan de l'ex-président, le député du Nord Sébastien Huygues pressent un nouveau rapport de force au sein du parti : "Nous sommes très nombreux à l'UMP à souhaiter qu'il revienne. Il y a peut-être des ambitions personnelles qui seront un peu écornées. Les ambitions personnelles ça a peu d'intérêt par rapport à une ambition collective pour notre pays ".
Le clan copéiste au sein de l'UMP semble en effet en grande partie tout prêt à se fondre dans une écurie sarkozyste. Reste l'autre clan, qui lui ne bouge pas. Ainsi l'ancien ministre Eric Woerth donne-t-il une autre vision du discours de Nicolas Sarkozy : "C'était très au-delà de sa propre personne. Le sujet c'était l'UMP. Mais il a bien synthétisé la situation d'une UMP qui est encore en crise et qui doit surmonter sa crise, avec François Fillon et avec beaucoup d'autres ".
Petite mention en passant qui n'a rien d'innocente évidemment. C'est bien François Fillon qui sert de principal fédérateur aux opposants internes. Et il ne renoncera pas prévient l'un de ses plus fidèles soutiens, Eric Ciotti : "Je crois que François Fillon a eu à maintes reprises l'occasion de dire sa détermination et il a même rajouté "quoiqu'il arrive". Je crois que rien n'a changé dans son esprit ".
Selon les participants à la réunion, François Fillon a d'ailleurs accueilli très tièdement le discours de son ancien président, au point de rester assis quand la salle s'est levée pour applaudir. Le genre de détail qui en dit long.
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