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G7 à Hiroshima : Qui est Shikeagi Mori, le rescapé de la bombe, sceptique avant l’arrivée des chefs d’Etat ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Barack Obama alors président des États-Unis prend des ses bras Shigeaki Mori, survivant du bombardement atomique d'Hiroshima en 1945, lors d'une visite au parc commémoratif de la paix d'Hiroshima le 27 mai 2016. (JIM WATSON / AFP)

À la veille du G7 d’Hiroshima, le Premier ministre japonais Fumio Kishida a clairement annoncé son intention de mettre le sujet du désarmement nucléaire sur la table. Lui-même est un ancien élu conservateur d’Hiroshima. Il sait toutefois que la guerre en Ukraine a mis en évidence l’importance de la dissuasion nucléaire. Le monde n’est plus celui de 2016, lorsque Barack Obama, premier président des États-Unis en exercice, à se rendre à Hiroshima, avait pris dans ses bras notre "intrus de l’actu" du jour, Shigeaki Mori. La photo, très émouvante, prise au Mémorial de la Paix est restée comme l’image marquante de cette visite. Plein d’espoir à l’époque, Shigeaki Mori qui a aujourd’hui 86 ans, est nettement plus circonspect.

Un miraculé d’Hiroshima

Si Barack Obama l’avait ainsi pris dans ses bras, c’est que Shigeaki Mori s’est progressivement mué en historien d'Hiroshima. Au départ, il est ce qu'on appelle en japonais un "hibakusha", une victime de la bombe atomique. Il a 8 ans ce matin du 6 août 1945. À l’époque, les élèves n’ont pas de vacances d’été donc il part à l’école, avec un copain. Il est sur un pont en bois sans garde-corps, à 2,5 kilomètres de ce qui va être le centre de l’explosion.

Shigeaki Mori est alors projeté dans le ruisseau, heureusement peu profond. "Je me suis retrouvé à l'intérieur du champignon atomique, raconte-t-il. Il faisait si sombre que lorsque j'ai tenu mes mains à 10 centimètres devant mon visage, je ne pouvais pas les voir". Une demi-heure d'obscurité. Il se dit que la Terre vient d'exploser, il se souvient d’une femme accroupie tenant ses propres entrailles dans les mains et cherchant un hôpital. Lui, n'est pas blessé. Un miraculé. 

Trente ans plus tard, il se lance dans de nombreuses recherches. Il passe plusieurs dizaines d’années à déterminer combien de victimes ont péri dans la cour de son école. Après l’explosion, la rumeur s'était répandue que des médecins convergeaient vers cette école élémentaire, la deuxième de la ville. En arrivant, il avait vu des salles de classe remplies de blessés graves au sol qui imploraient qu’on abrège leur souffrance.

Un combat aussi pour les victimes américaines d'Hiroshima 

Mais Barack Obama a eu ce geste très fort aussi parce que Shigeaki Mori a aussi et surtout concentré ses recherches sur les victimes américaines de la bombe d’Hiroshima. Les Américains semblent avoir choisi Hiroshima comme cible pour le largage se disant qu'il n’y avait pas de camp de prisonniers de guerre. Or, l’historien s'est rendu compte que certaines familles américaines, à la recherche de leurs garçons, étaient aussi démunies que les japonaises. En réalité, il a identifié 12 pilotes américains, faits prisonniers après la chute de leurs avions. Il a retrouvé des parents, pour leur dire ce qui s’était passé et enregistrer leurs témoignages.

En 2008, histoire inouïe : il est même allé rendre aux États-Unis des morceaux de fuselage d'un B-24, qu’un fermier avait conservé pendant 60 ans dans sa grange. Le fermier n’a pas voulu donner son nom à la presse américaine craignant d'être puni parce que la police militaire japonaise avait interdit en 1945 de toucher à l’épave. Cet avion, le Taloa a été abattu alors qu'il revenait d'une mission de bombardement d’un navire japonais amarré à Hiroshima.

Toujours engagé pour le désarmement nucléaire 

Aujourd’hui, Shigeaki Mori a 86 ans. Le Japan times est allé l’interroger chez lui, où il vit avec sa femme Kayoko. Sa photo, blotti contre Barack Obama, trône évidemment dans son salon. Le président américain avait longuement d’ailleurs salué son travail, mais il n’avait pas exprimé directement de remords ou d’excuses. Shigeaki Mori espère toujours un désarmement nucléaire. "Je ne veux tout simplement pas que tout cela finisse par être un rêve". D’après les responsables américains cités par le journal japonais, il est peu probable que Joe Biden arrive au G7 avec un message fort sur le désarmement même s’il se rendra bien sur le site. Il a déjà promis un nouveau plan de dissuasion nucléaire avec la Corée du Sud pour contrer la Corée du Nord. Mais la source américaine ajoute : ce sont les Japonais qui dirigeront les discussions.

Le livre de Shigeaki Mori, L'histoire secrète des prisonniers de guerre américains tués par la bombe atomique, est disponible gratuitement en ligne, traduit en anglais. Un documentaire – Paper Lanterns ou Les Lanternes de papier – retrace le parcours et le travail de ce Japonais vraiment hors norme.

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