Discussions sur la Nouvelle-Calédonie : qui est Sonia Backès, la secrétaire d’État anti-indépendantiste ?
L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Sonia Backès, c’est la secrétaire d’État à la Citoyenneté. Âgée de 46 ans, elle arrive place Beauvau début juillet. Une secrétaire d’État très politique, puisqu’elle vient de la droite, mais surtout figure de proue des anti-indépendantistes, et présidente de la Région Sud de la Nouvelle-Calédonie, la plus peuplée. Et c’est vrai que ça surprend au moment où le ministre des outre-mer, Jean-François Carenco, est chargé de renouer une forme de dialogue entre les deux camps suite au troisième référendum où les calédoniens ont dit qu’ils voulaient rester français. D’autant que les indépendantistes qui lui avaient promis de venir, ne sont pas à Paris. Bref, tout ça parait un peu déséquilibré.
Engagée très tôt
La petite Sonia Dos Santos, son père est portugais d'origine, a 8 ans en 1984 quand éclatent les violences entre les kanaks qui veulent l’indépendance et les anti-indépendantistes, dont fait partie son père justement, arrivé en Nouvelle-Calédonie avec ses parents qui fuyaient la dictature de Salazar. Il est arrivé sans connaitre un mot de français et veut désormais absolument rester français. La famille est donc dans le camp du député Jacques Lafleur, député de droite. Et c’est dans ce contexte que nait son engagement politique. "Petite, j’ai ma meilleure amie qui est une mélanésienne, une kanac qui vit en bas de chez-moi et avec laquelle je suis super copine, se souvient Sonia Backès. Les évènements arrivent et cela devient extrêmement violent. On ne peut pas sortir le soir. On ne peut plus avoir les copains qu’on veut. J’ai décidé très tôt de m’impliquer, ce combat faisait partie de moi. À la fois pour rester français et pour construire une Nouvelle-Calédonie où on arrivait à vivre ensemble, ce qui 30 ans après n’est toujours pas gagné. J’ai décidé de m’impliquer assez jeune."
Elle fait des études à Nouméa, puis des maths à Pau, puis de l’informatique à Grenoble. Et rentre pour travailler comme informaticienne dans les services du gouvernement local. Elle devient très vite déléguée syndicale, CFE-CGC. Et bascule en politique, en 2008 à l’UMP, d’abord collaboratrice du président du congrès local, qui est aujourd’hui sénateur LR Pierre Frogier. Et elle se fait élire en 2009 au gouvernement de Nouvelle-Calédonie. Elle a alors 33 ans.
Elle refuse de choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen en 2017
Sonia Backès rejoint Emmanuel Macron en janvier de cette année ! En 2017, elle refuse de choisir au second tour de la présidentielle, entre Macron et Le Pen – elle-même s'abstient. Très remontée contre Emmanuel Macron qui pendant la campagne avait dit en Algérie que la colonisation était un crime contre l’humanité. Depuis, elle a été convaincue par les trois référendums qu’a organisé Emmanuel Macron, alors que les indépendantistes n’en voulaient pas. Elle s'est beaucoup rapprochée de Sébastien Lecornu, en charge des Outre-mer durant le premier quinquennat, venu de la droite lui-aussi. Bref, cette fois, elle vote Macron et se retrouve dans le gouvernement Borne, en charge de la Citoyenneté où elle a notamment à cœur de travailler sur les dérives sectaires.
Elle a gardé son siège de Présidente de la grande Province Sud où elle est toujours leader des anti-indépendantistes. Son mari et ses deux enfants sont toujours là-bas. En fait, Sonia Backès fait des doubles journées. Tous les matins, avant de s'occuper de la Solidarité, elle gère sa province. Debout à 4h30, en visio de 5h à 9h, elle n’a pas besoin de beaucoup de sommeil, ça tombe bien. Et pour elle, cet engagement ne pose pas de problèmes.
"On a tous envie de trouver des solutions"
"Les indépendantistes eux-mêmes n’ont pas contesté ma présence, assure Sonia Backès, car ils savent très bien que je fais la part des choses. De plus, aujourd’hui il n’y a plus un camp ou un autre puisque les calédoniens ont décidé par trois fois de rester français. On n’est plus en train de choisir un camp, on est en train de choisir un projet sur les sujets hyper-chauds. Il y a un an et demi, on était en quasi guerre civile sur la question du nickel, j’ai trouvé la solution sur le sujet avec les indépendantistes les plus durs. Même si aujourd’hui c’est compliqué, on partage tous, entre guillemet le même pays et on a tous envie de trouver des solutions." Elle glisse au passage qu'à sa nomination, le ministre des Outre-mer, Jean-François Carenco était, comme préfet au moment des accords de Nouméa, plus proche des indépendantistes, et n'est plus, aujourd'hui, soupçonné d'être de parti pris.
Politiquement, on imagine qu'elle est aussi "utile" au gouvernement comme femme de droite. Sur ses dossiers de la Solidarité, elle reconnait qu'elle soigne ses contacts LR. Mais elle jure qu'elle n'a jamais été envoyée en mission au Parlement sur d'autres sujets. Au gouvernement, en tout cas c'est clair, ses proches s'appellent Lecornu, Le Maire et Darmanin. Cet automne, elle a en tout cas créé la polémique en recrutant un conseiller plus à droite encore : Brieuc Frogier, un ancien zémouriste. C'est le fils du sénateur LR avec qui elle a débuté. Elle jure, qu'en fille d'immigré portugais, elle ne votera jamais à l'extrême droite, regrettant quand même ouvertement qu'on continue de marquer au fer rouge les électeurs tentés par le RN.
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