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Russie : qui est Vladimir Kara-Mourza, l’opposant russe condamné à 25 ans de prison pour avoir dénoncé la guerre en Ukraine ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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l'opposant russe Vladimir Kara-MOurza sur un banc à l'intérieur d'une cage d'accusés lors d'une audience au tribunal Basmanny à Moscou le 10 octobre 2022 (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

A l’issue d'un procès à huis clos à Moscou, Vladimir Kara-Mourza a été reconnu lundi 17 avril coupable de "haute trahison", diffusion de "fausses informations" sur l'armée russe et travail illégal pour une organisation "indésirable". Les messages d’indignation ont afflué du monde entier. D'autant que les 25 ans de prison cumulé devront être purgés dans une colonie pénitentiaire à régime sévère, plus stricte que celle où il se trouve depuis un an. Vladimir Kara-Mourza était l’un des derniers grands leaders de l’opposition encore en liberté lorsque la Russie a envahi l’Ukraine l’an dernier, le 24 février. Il avait été arrêté deux mois plus tard, en avril.

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À 41 ans, Vladimir Kara-Mourza est dans une pure lignée de dissidents. Ses grands-parents d'origine tatar ont été emprisonnés dans le goulag de Staline. Ses deux arrières grands-parents y sont morts. Et son père, qui portait le même prénom Vladimir Alexeyevich, était lui aussi un opposant à Vladimir Poutine. Il est mort il y a trois ans en 2019 (son fils, Vladimir Vladimirovitch, l’avait annoncé sur Twitter sans préciser la raison). Le père était lui aussi journaliste à la télé et à la radio, opposant à Brejnev et soutien de Boris Eltsine. Vladimir Vladimirovitch, le condamné du jour, lui, a la double nationalité russe et britannique. Il est britannique par sa mère. Il naît à Moscou en 81, grandit en partie en Grande-Bretagne. Dès 16 ans à Londres, en 1997, il est correspondant pour le journal Novye Izvestia et pour la radio "l’Echo de Moscou". Il fait une maitrise d’histoire à Cambridge, mais il parle, en plus, parfaitement le français qu’il a appris à Moscou, à l’école.  

Engagé très tôt dans la défense des droits de l'homme 

Cinéaste, puis journaliste, il s’engage très tôt dans la défense des droits de l’homme. Il a été candidat pour être député à la Douma pour le parti de la liberté populaire, il a servi comme chef adjoint du Parti. Aux côtés d’un homme qui deviendra son mentor, le chef de l’opposition Boris Nemtsov, abattu à deux pas du Kremlin en 2017. Il a surtout été très actif avec l’opposition à l'étranger pour faire adopter des sanctions internationales pour les violations des droits de l’homme en Russie par de très nombreux pays notamment l'union européenne et les États-Unis. 

Au passage, il a d’ailleurs noué des relations assez fortes avec John Mc Cain. Au point qu'en avril 2018, le sénateur McCain à qui on venait de diagnostiquer une tumeur au cerveau lui écrit pour lui demander s’il accepterait de porter son cercueil lors de ses funérailles. Quatre mois plus tard à la cathédrale nationale de Washington, Vladimir Kara-Mourza porte effectivement le cercueil avec 14 autres personnes dont Joe Biden ou encore l'acteur Warren Beatty. Politico avait souligné le message adressé par John McCain à Vladimir Poutine et à Donald Trump qu’il considérait comme trop proche du président russe.
La femme de Vladimir Kara-Mourza et ses trois enfants qui ont de 11 à 16 ans vivent en sécurité aux États-Unis, en Virginie. Lui a toujours tenu à retourner le plus possible en Russie auprès du peuple russe. Il se savait menacé. Il a même été empoisonné à deux reprises en 2015 et en 2017 au moyen d’une "substance toxique inconnue" qui l’a plongé dans le coma. L’investigation indépendante conduite par deux médias Bellingcat et The Insider a identifié la responsabilité du FSB. Le temps de se remettre sur pied, il était reparti en Russie. La chaîne francophone Radio Canada l'a souvent suivi. C'était lors d'une manifestation contre l'arrestation d'Alexei Navalny. 

Radio Canada : Cela ne vous fait pas peur d'être un opposant connu, vous savez que vous pouvez être arrêté à tout moment ? 

Vladimir Kara-Mourza : On connaît les risques, il y a des millions de gens dans notre pays qui veulent, en reprenant les mots d'Alexei Navalny, un pays européen normal.

"Cette sentence est la reconnaissance du travail de Vladimir"

Depuis un an qu'il est emprisonné, sa femme, Evguenia ne l'a pas revu mais elle a repris le flambeau.  Elle parcourt le monde pour aller chercher toutes sortes de récompenses à sa place. Elle remue ciel et terre, rencontre les dirigeants du monde entier. Et lundi midi, voici comment elle a accueilli la condamnation devant un journaliste du Washington post, journal où son mari signe toujours des chroniques depuis sa prison. "J'ai une chance immense de partager la vie d'un homme dont je n'aurai jamais honte, dit-elle. Quelqu'un que j'admire et respecte profondément. Qui est le meilleur exemple possible pour nos enfants. Cette sentence est la reconnaissance du travail de Vladimir. 

"Vladimir Kara-Mourza a prouvé qu'il ne ferait jamais marche arrière. Qu'il n'abandonnerait jamais ses idéaux. Une Russie où les droits de l'homme seraient respectés. Un pays qui ne serait pas une menace pour ses voisins. Une Russie démocratique."

Evguenia Kara-Murza

au Washington Post

Les avocats de Vladimir Kara-Mourza ont annoncé qu’ils faisaient appel. Mais ses soutiens craignent que son état de santé ne se dégrade, il souffre de plusieurs pathologies neurologiques suite à ses empoisonnements. 

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