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Ebola : "Nous avons des technologies mais n'arrivons pas à les appliquer sur le terrain"

Alors que l'état d'urgence a été déclaré au Libéria pour lutter contre Ebola, France Info interroge deux médecins : Noël Tordo de l'OMS à Conakry et Christian Bréchot de l'Institut Pasteur.
Article rédigé par Mathilde Munos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Au Liberia lundi © REUTERS / Ahmed Jallanzo)

Mercredi la présidente du Liberia a déclaré l'état d'urgence pour lutter contre l'épidémie du virus Ebola qui, estime-t-elle, représente une menace contre la sécurité de l'Etat. 

Sur France Info, en direct de Conakry, capitale de la Guinée où l'épidémie est apparue, le Dr Noël Tordo du centre de référence de l'OMS sur les fièvres hémorragiques virales, explique : "En Guinée on va dire que la situation se stabilise avec beaucoup d’efforts par les ONG d’une part et une mobilisation des Guinéens et du gouvernement. La situation est plus compliquée au Liberia et en Sierra Leone parce que il y a des besoins ".

Expliquer aux familles qu'il faut "des enterrements sécurisés"

"Les principales difficultés que l’on rencontre sont des difficultés de gestion, d’accueil des malades, d’essayer de les diagnostiquer suffisamment précocement de manière à les trier, à les séparer des autres ", poursuit le médecin sur place. "Ce sont aussi des difficultés de faire comprendre aux populations qu’on doit faire des enterrements sécurisés ", par exemple, poursuit-il. "Il peut y avoir dans certains cas de la méfiance et là ce sont des sociologues et des anthropologues qui doivent expliquer, en s’appuyant sur les leaders des communautés ", ajoute le Dr Noël Tordo.

Un traitement expérimental ?

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) pourrait demander à des spécialistes de l'éthique médicale d'examiner la question

d'une utilisation en urgence d'un traitement expérimental. Interrogé par France Info, le Professeur Christian Bréchot, directeur général de l'Institut Pasteur, indique : "Ce qu’on peut dire c’est qu’il y a des molécules qui sont en train de paraître pour des traitements, il y a également des approches basées sur des anticorps contre le virus. Mais on en est quand même à des phases très précoces donc il faut être prudent sur les possibilités thérapeutiques ". "Nous avons des technologies en Europe et en Asie, fantastiques, mais nous n’arrivons pas à les appliquer sur le terrain ", ajoute-t-il.

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D'après les dernières données communiquées mercredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 516 cas, dont 282 mortels, ont été recensés au total au Liberia depuis le début de l'épidémie, en février. En Guinée, pays où l'épidémie est apparue, dix nouveaux cas et cinq morts ont été signalés tandis que la Sierra Leone connaît 691 cas recensés et 286 morts.

  (La situation en Afrique de l'Ouest  © Idé)
 

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