Grand débat : les 80 km/h "ont été une erreur symbolique majeure", selon le sociologue Jean Viard
Le sociologue Jean Viard était l'invité de 8h30 samedi 19 janvier. Il est revenu sur la mise en place du grand débat par Emmanuel Macron, suite au mouvement des "gilets jaunes".
Les 80 km/h "ont été une erreur symbolique majeure" commise par le gouvernement, a estimé samedi 19 janvier sur franceinfo le sociologue Jean Viard, qui avait pourtant soutenu Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2017. "C'est une mesure qui n'a pas de sens. A Paris, la moitié des gens n'ont pas de voiture, donc on peut faire toutes les lois qu'on veut sur la voiture, précise Jean Viard. A Paris, au fond, on n'a pas besoin de voiture. Mais quand vous habitez à 50 km de Paris, c'est indispensable. Donc il y a deux usages des objets de mobilité", a-t-il encore expliqué.
En plus de l'instauration des 80 km/h, le gouvernement a voulu mettre en place de nouveaux contrôles techniques des voitures. Or, rappelle le sociologue, "qui fait contrôler ses vieilles voitures ? Les gens qui habitent dans le grand périurbain. Et puis après, on augmente la taxe sur l'essence. Il y avait deux France, l'une à côté de l'autre. Au lieu de les rassembler, on les a sans arrêt écartées, c'est en cela que c'est idiot", a poursuivi Jean Viard, auteur d'Une société si vivante (éditions de l'Aube).
"On a donné la gestion des routes aux départements, mais laissons-les gérer la sécurité ! Pourquoi est-ce que l'État doit décider que sur tel tronçon on roule à telle vitesse ?", s'est interrogé Jean Viard, regrettant que le gouvernement ait "géré des dossiers plutôt que des hommes" depuis le début du quinquennat.
Le sociologue n'est pas convaincu que le grand débat national lancé cette semaine puisse renverser la vapeur : "Je ne sais pas ce qui va se passer avec le grand débat. Est-ce qu'ils vont en sortir cinq ou six mesures qui vont donner le sentiment aux gens qu'[Emmanuel Macron] a compris quelque chose ? On verra bien", a estimé Jean Viard, tout en concluant que "c'est la première fois dans cette République qu'on fait ça".
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