La médaille du jour. Il y a 50 ans, le foot aussi a fait Mai 68... et posé les bases du sport business
Le 22 mai 1968, des joueurs amateurs ont occupé la siège de la Fédération française de football pendant cinq jours.
On l'a un peu oublié mais les ouvriers et les étudiants n'étaient pas seuls en lutte il y a 50 ans. Le 22 mai 1968, quelques dizaines de joueurs investissent le siège de la Fédération française de football, enferment une partie des salariés et, surtout, retiennent le secrétaire général et l'instructeur national (l'ancêtre du sélectionneur actuel).
La Fédération est barricadée. Le drapeau rouge flotte au vent. Sur la façade de l'immeuble de la prestigieuse avenue d'Iéna à Paris, on lit ce slogan : "Le football aux footballeurs". En fait ces joueurs sont des amateurs, soutenus par des journalistes comme François Thébaud alors rédacteur en chef du mensuel Miroir du football, proche du Parti communiste.
"Le football aux footballeurs"
Pour eux, les dirigeants ont confisqué le football au profit du gouvernement et des patrons de clubs. Le foot doit rester un plaisir et redevenir populaire. Ils demandent notamment la fin du contrat à vie qui à l'époque attache les joueurs à leurs clubs. Les joueurs pros, eux, approuvent mais ne suivent pas le mouvement.
Au bout de cinq jours, l'occupation s'achève. Quelques mois plus tard les dirigeants de la Fédération sont débarqués. En 1973 le contrat à vie est abrogé. Aujourd'hui, en partie grâce à ce mouvement, les footballeurs professionnels profitent à plein du business du foot. Quant à l'utopie d'un football pur plaisir, elle s'est envolée.
Dans une interview accordée il y a quelques jours à nos confrères du Télégramme, l'entraineur Christian Gourcuff cite François Thébaud qui disait que disait que tous les problèmes de la société se retrouvaient dans le foot. Il dénonce les dérives du foot : "On a basculé, dit Gourcuff, dans un système d’investisseurs pour qui l’aspect sportif n’est qu’un moyen de faire du fric. Le sport n’existe pas." Sous les pavés, l'amertume.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.