Fatoumata Diawara, gentille sorcière de la World Music
Car "Fatou" comme la surnomme ses amis est d’abord
comédienne, on remarque aussitôt son charisme, sa beauté naturelle. Malienne et
globe-trotteuse, Fatoumata passe près de six ans en tournée permanente à
travers le monde comme chanteuse dans la compagnie de théâtre de rue Royal
Deluxe . Plus jeune, elle est séparée de ses parents qui vivent en Côte d’Ivoire
et qui l’envoient chez une tante à Bamako. Elle a 10 ans et cet épisode douloureux
la marque profondément. Elle (se) raconte dans la chanson Sowa , paradoxalement
un morceau très festif, parce qu’il faut bien "rire du drame" .
C’est aussi ce qui frappe dans ce premier album très mature,
cette faculté de mixer le positif et le négatif, sans jamais rentrer dans le
pathos alors même qu’elle parle de sujets lourds : l’excision, la condition
précaire des femmes dans les sociétés traditionnelles,…
Loin du folklore malien, Fatoumata n’utilise aucun
instrument traditionnel et a surtout voulu rendre hommage au jazz, sa musique
de cœur, assez peu goûtée dans son pays.
L’album est chanté en trois langues :
le Bambara, sa langue maternelle, le français et l’anglais pour le rendre le
plus accessible et universel possible.
Ses pairs se nomment Herbie Hancock , Dee Dee Bridgwater avec
qui elle a partagé la scène, ou Oumou Sangaré . Ce dernier lui présente son
producteur, Nick Gold, durant l’enregistrement de l’album Imagine Project
d’Herbie Hancock. Il écoute ses maquettes enregistrées guitare-voix auxquelles il ne veut rien toucher, trouvant ce côté intimiste très touchant. Il n’y ajoutera que
quelques musiciens pour le groove sur certains morceaux. La session France Info vous propose de découvir les deux
premiers morceaux de cet album sobrement intiltulé Fatou (World Circuit/Harmonia Mundi 2011), Kanu et Sowa.
En concert à Paris le 2 février 2012 à l’Alhambra, et le 3
févier au Stéréolux à Nantes
Benjamin Mathieu
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