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La désorbitation de la Station spatiale internationale se prépare

La NASA a lancé un appel aux industriels pour construire un vaisseau qui démontera la station spatiale, dont la fin est prévue en 2030. Depuis longtemps on sait que cette énorme structure en orbite sera difficile à désorbiter. Une opération risquée.
Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'astronaute français Thomas Pesquet en mission hors de l'ISS, en apesanteur pendant 7 heures, avec son coéquipier américain, Shane Kimbrough, en juin 2016. (MAXPPP / MAXPPP)

Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon, nous explique aujourd'hui que la NASA vient de publier un appel d’offre pour un vaisseau spatial qui devra désorbiter la Station spatiale internationale, construite en 1998.

franceinfo : De quel type de vaisseau spatial parle-t-on ? 

Mathilde Fontez : Le vaisseau s’appelle "US Deorbit Vehicule". Le dossier technique a été publié le 18 septembre dernier. Et les industriels ont jusqu’au 17 novembre pour se porter candidats, pour le construire d’ici 2030. Ce vaisseau viendra s’accrocher à la station, l’ISS, et lui donnera l’impulsion nécessaire pour abaisser progressivement son orbite, jusqu’à ce qu’elle entre dans l’atmosphère et qu’elle brûle, sous l’effet de la vitesse.

La fin de l’ISS est donc vraiment décidée… 

Tous les pays qui participent à cette aventure en orbite sont d’accord, oui : Europe, Canada, Japon, Russie et NASA, se sont chacun engagés jusqu’à 2030, pas au-delà – 2028 pour la Russie. Cette fois, c’est sans doute bien la fin. 

Il y a déjà eu beaucoup de reports. La station vieillit – elle était prévue au départ pour 15 ans. Sa construction a démarré en 1998. Et elle coûte très cher : autour de 150 milliards de dollars au total. La NASA cherche d’ailleurs déjà à réduire les coûts, en la louant, pour des activités de recherche commerciale, ou des activités touristiques – par exemple, ce film hollywoodien avec Tom Cruise, qui devrait être, en partie, tourné en orbite.

Désorbiter un tel engin, cela ne doit pas être si évident… 

Oui, c’est en tous cas une opération risquée. C’est un engin monstrueux cette station : elle a la taille d’un terrain de foot américain : 109 mètres de long ; elle pèse 450 tonnes. Même à grande vitesse, elle ne se désagrègera pas totalement dans l’atmosphère. Il y aura des débris, il ne faut pas qu’ils tombent sur une zone habitée ! 

Le point de chute a été déterminé ? 

Oui, c’est le point Nemo : le cimetière des débris spatiaux. C’est un endroit dans l’océan Pacifique, considéré comme le plus lointain de toute civilisation, à 2.700 kilomètres de toute terre – les humains les plus proches de cet endroit, ce sont les astronautes de la station justement, quand ils passent au-dessus, de temps en temps, à 400 kilomètres. Viser le point Nemo, en tenant compte de la dynamique de l’immense traînée de débris que la station devrait occasionner en tombant, ça va être un vrai défi.

Les autres agences vont-elles participer à cette opération ? 

Le premier plan de désorbitation impliquait beaucoup les Russes, puisqu’il s’agissait d’utiliser trois de leurs cargos Progress. Mais l’appel d’offre de la NASA aujourd’hui, montre une volonté de l’agence américaine de sécuriser l’opération. La guerre en Ukraine n’a pas stoppé la collaboration dans l’ISS, mais elle a tendu les relations. Les Etats-Unis ont donc jugé qu’il valait mieux être autonome. 

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