Le billet sciences du week-end. La faune et la flore sur liste rouge
Chaque année, des milliers de plantes et d'animaux sont menacés d'extinction. Les chercheurs et biologistes invitent à repérer des modèles judicieux dans le vivant pour avancer dans la recherche médicale et dans la lutte contre la destruction de notre environnement.
La liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a été dévoilée il y a une semaine. Reconnue comme l’outil de référence dans l’évaluation du risque d’extinction de milliers d’espèces et sous-espèces, elle nous permet de faire le point sur l’état du vivant. Et si les espèces en voie d’extinction pouvaient être sauvées grâce au coronavirus Covid-19 ?
La crise de la biodiversité, vers une sixième extinction de masse ?
128 918, c’est le nombre d’espèces de plantes et d’animaux répertoriées par l’UICN. Parmi elles, 35 765 sont considérées comme menacées d’extinction et, cette année, 31 noms ont disparu de la liste, rayés au profit de la mention "éteinte".
Amphibiens ravagés par un champignon, poissons décimés par une espèce introduite par l’Homme aux Philippines, autant de cas faisant craindre une sixième extinction de masse. La plus connue des cinq précédentes restant la dernière, où un épisode volcanique aurait causé la disparition des dinosaures.
On devrait voir disparaître quelques espèces par siècle, alors que cette liste rouge s’allonge d’année en année. Cela va 100 à 1 000 fois plus vite que le rythme naturel de l’évolution et du renouvellement des espèces.
Bernard Chevassus-au-Louis, biologiste, fondateur de l'association *Humanité et Biodiversité
L’activité humaine pointée du doigt
Depuis que les activités humaines ont une incidence significative sur l'environnement – ce que l’on appelle l’anthropocène – un quart des espèces de vertébrés terrestres a disparu. En cause, la surexploitation des ressources, la dégradation des espaces naturels, ou encore l'introduction d’espèces invasives. Et pourtant, ces espèces peuvent être pour nous des lanceurs d’alertes.
À titre d’exemple, on a montré que lorsqu’il y avait une ligne à haute tension au-dessus d’une rivière, les saumons s’arrêtaient un certain temps parce qu’ils sont sensibles aux ondes électromagnétiques qui sont des signaux importants.
Bernard Chevassus-au-Louis
La conservation comme solution
Cette liste rouge doit nous encourager à agir, comme pour le tucuxi, un dauphin d’eau douce du bassin de l’Amazone. En voie de disparition, il est désormais protégé face aux pêcheurs, grâce à un accord entre les quatre pays environnants : le Pérou, l’Équateur, la Colombie et le Brésil. Si tout se passe bien, il devrait, tout comme le bison d’Europe avant lui, reprendre du poil de la bête !
De même, les gorilles des montagnes ou les éléphants sont désormais protégés grâce aux activités du tourisme en Afrique de l’Est. Mais dans le même temps, des milliers d’espèces animales et végétales disparaissent chaque année, alors qu’elles nous servent, entre autres, à élaborer des médicaments et des vaccins.
Gilles Bœuf, biologiste et enseignant souligne que "C’est le fait d’aller chercher dans le vivant des modèles judicieux pour faire avancer la recherche médicale. Les médecins ont oublié que les spécialistes du coronavirus étaient les vétérinaires. Il n’y a même pas un vétérinaire dans le Conseil scientifique à l’heure actuelle !".
Nous retrouverons Gilles Bœuf lors des deux prochains week-ends, pour une série spéciale du Billet sciences du week-end consacrée à la bio inspiration, c’est-à-dire ce que la nature peut nous offrir pour développer nos innovations technologiques.
* Le site de l'association Humanité et Biodiversité.
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