Le billet sciences du week-end. Les algues : championnes cachées de nos océans
Le CNRS vient de s’associer au Pacte mondial des Nations Unies pour créer la première institution internationale dédiée à la valorisation des algues marines.
Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) vient de s’associer au Pacte mondial de l'ONU (UNGC) pour lancer la Safe Seaweed Coalition, la première institution internationale dédiée à la valorisation des algues marines, tout en répondant aux préoccupations environnementales et climatiques.
Des végétaux prometteurs
Ces végétaux chlorophylliens aquatiques, ne possédant ni racines, ni feuilles, ni fleurs, ni vaisseaux, ni graines, se développent par photosynthèse, à partir d’éléments simples,comme le dioxyde de carbone (CO2), l’eau, l’énergie lumineuse et les sels minéraux.
Adrien Vincent, directeur du programme Seaweed for Europe, explique ces algues ont une fonction de nettoyage, appelée bioremédiation.
Concrètement, ces algues vont absorber du carbone, des phosphates et des nitrates pour faire leur photosynthèse et se développer. Et donc, naturellement, l’eau qui environne les algues va être désaturée.
Adrien Vincent, directeur du programme Seaweed for Europe
Pourquoi les algues vertes ont-elles envahi et ravagé la côte Atlantique ?
Avec l’utilisation d’engrais agricoles riches en nitrates, les algues vertes ont proliféré depuis le début des années 70, créant des marées vertes. C’est leur décomposition sur les plages, dégageant des gaz toxiques, qui a été à l’origine de plusieurs morts.
Devant l’impossibilité de les éliminer, leur utilisation est envisagée, comme "L'entreprise Eranova, dans le sud-est de la France, qui fabrique des bioplastiques à partir de ces algues vertes", précise Adrien Vincent
Aujourd’hui, l’engouement pour les algues est tel que, chaque année, ce sont 32,4 millions de tonnes qui sont produites dans le monde. Nous les retrouvons partout ! Dans l’alimentation humaine, sous forme de feuilles de nori, dans les sushis ou d’agar-agar pour gélifier en pâtisserie, par exemple. Et la diversité de leurs applications et leurs bénéfices sont nombreux aussi, dans les secteurs médical, agricole ou cosmétique.
On voit de plus en plus de nouvelles applications émerger. Par exemple, sur les biostimulants pour l’agriculture ou en cosmétique, en pharmaceutique avec des propriétés qui permettent de traiter certaines maladies. Et dans un futur proche, de nouveaux usages vont naître autour des packaging, avec des emballages 100% biodégradables et compostables.
Adrien Vincent
Récemment, des études californiennes ont même montré que supplémenter l’alimentation des bovins avec des algues réduirait de 80% leurs émissions de méthane. Un gaz au potentiel de réchauffement 25 fois supérieur à celui du gaz carbonique !
Cultiver la mer
En Europe, nous sommes toujours sur une logique de chasseurs-cueilleurs, alors que l’Asie, où les algues sont très largement ancrées dans le quotidien, fournit 96% de la production mondiale. L’approvisionnement y est assuré en grande partie par des exploitations agricoles d’algoculture.
Dans le cas de la Chine, deux grandes familles d’algues sont cultivées : les rouges et les brunes comme le wakamé. Toutefois, la vigilance reste de mise, pour éviter les proliférations d’espèces invasives, comme ce fut le cas de Caulerpa taxifolia en Méditerranée.
À ce rythme, demain, on nous servira des algues à toutes les sauces !
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