Le billet sciences du week-end. Pandémies : et si ce n’était que le début ?
Alors que la deuxième vague du Covid-19 semble ralentir, la fréquence des pandémies pourrait bien s’accélérer.
Depuis le siècle dernier, la grande majorité des pandémies et des épidémies sont des zoonoses, c’est-à-dire des maladies infectieuses transmises à l’homme par les animaux et vice-versa.
70% des pandémies et des épidémies sont d’origine animale
Grippe espagnole,virus Ebola, Zika ou Covid-19, sont autant d’exemples de ces maladies d’origine animale. Aujourd’hui, on estime que, chaque année, sur les cinq maladies qui émergent chez l’homme, trois sont des zoonoses, causant un développement sans précédent des épidémies.
On a essayé de voir quelles pouvaient être les causes de l’accélération de la fréquence d’apparition des pandémies. Ce que l’on met en évidence, c’est que c’est principalement l’impact des activités humaines sur les écosystèmes, et en particulier sur la perte de biodiversité.
Benjamin Roche, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement
Benjamin Roche, chercheur à l'IRD, est coauteur de l’étude de l’IPBES (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) sur la biodiversité et les pandémies.
L’impact des activités humaines sur les écosystèmes mis en cause
Les activités humaines impactent de plus en plus les écosystèmes et la biodiversité. Parmi les activités dommageables, on peut citer la déforestation ou le commerce d’animaux sauvages, deux pratiques qui continuent chaque jour à gagner en importance.
La déforestation a doublé en 10 ans. C’est un phénomène en pleine extension. Le commerce de la faune sauvage a été multiplié par cinq en 15 ans. Aujourd’hui, on estime que 24% des espèces dans le monde font l’objet de commerce.
Benjamin Roche
Ces activités humaines ont deux conséquences. La première est qu’elles rapprochent les humains de la faune sauvage, facilitant ainsi les contacts et la transmission de maladie. La seconde, est qu’elles réduisent la biodiversité des écosystèmes, alors même que cette dernière constitue un rempart contre le développement de microbes.
"Une forte biodiversité va faire qu’en moyenne, on a une dilution de la transmission des microbes. Quand on perd de la biodiversité, on enlève cet effet protecteur : les microbes vont être transmis de façon plus intense dans la faune sauvage", souligne Benjamin Roche. Et il prévient :
Si jamais on continue à avoir le même impact sur les écosystèmes, nous n’aurons pas une pandémie tous les 100 ans, mais cela pourra être une pandémie tous les 10 ans.
Benjamin Roche
Une nécessaire prise de conscience
Le message est donc clair. La pandémie du Covid-19 a particulièrement marqué nos sociétés. Aujourd’hui, elle pourrait nous permettre de prendre collectivement conscience de la nécessité de réduire l’impact de l’homme sur les écosystèmes.
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