Biodiversité : une vingtaine de randonneurs verbalisés en Savoie pour avoir cueilli des brins de génépi et des fleurs d'edelweiss
C’est une opération de contrôle menée du 29 juillet au 4 août sur les hauteurs du Mont-Cenis, près de la frontière italienne. En six jours, 8 500 brins de génépi ont été saisis et 350 fleurs d'edelweiss. La vingtaine de randonneurs verbalisés encourent jusqu’à 750 euros d'amende.
La préfecture de Savoie promet de renouveler ces contrôles avec des agents de l'Office national des forêts, gendarmes et policiers municipaux. L’enjeu est d’éviter la disparition de certaines espèces. Le dernier grand inventaire de l’Union pour la conservation de la nature (UICN) en France date de 2019. Sur 5 000 espèces indigènes recensées : quelque 742 étaient menacées ou quasi menacées, soit à peu près 15%. D’autant que certaines modes surgissent et font que, à un moment, tout le monde veut de l'ail des ours ou de la "reine des près" et bien sûr la star : l’arnica des montagnes, arnica montana, qui est très utilisée en homéopathie pour les blessures et les hématomes.
Une cueillette régulée
La cueillette sauvage en France est régulée par un arrêté ministériel de 1982 qui liste les plantes protégées au niveau national. De nombreux arrêtés plus locaux complètent l’encadrement pour certaines espèces. En Savoie, l’arrêté de 2021 interdit absolument d’enlever les "racines" (sauf pour la gentiane jaune). Mais en "cueillette familiale", on peut "couper", avec un sécateur et en laissant des touffes suffisamment importantes, 20 tiges par jour et par personne pour les jonquilles, narcisses et œillets. Quelque 120 brins pour les différents génépis. Même chose pour l’arnica ou la "vulnéraire des Chartreux", fleur jaune souvent utilisée en cas de coup de froid. On le sait moins mais la cueillette des champignons est limitée elle aussi : pas plus de cinq litres par jour par personne et par variété. Quant aux myrtilles l’utilisation du peigne est interdite avant le 15 août.
Évidemment, dans le cas de cueillettes professionnelles, on peut demander une autorisation en préfecture mais uniquement pour cinq variétés, essentiellement des génépis et des gentianes. L’edelweiss, en revanche, est intouchable. Sa cueillette est totalement interdite parce qu'il est rare, anti-oxydant, anti-âge, qu'il pousse en altitude, au-dessus de 2 000 mètres. L’edelweiss possède une capacité exceptionnelle d’adaptation à -10°C comme à +40°C, grâce à son petit duvet laineux. Par le passé, il a tellement été cueilli que dès les années 1870, l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse l'ont protégée. Si vous en voulez vraiment dans votre jardin, il existe une version horticole. Mais ne le prenez pas en montagne.
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