Chirurgie : les fourmis savent pratiquer des amputations

C'est la découverte de chercheurs de l'université de Würzburg en Allemagne. Sur des vidéos de fourmis, ces scientifiques ont pu découvrir des scènes dignes des services d'urgence.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des cas d’amputations méthodiques n'avaient jamais jusqu'à cette étude été observés dans le règne animal (photo d'illustration, le 19 mars 2023). (PATSTOCK / MOMENT RF)

Réussir à sauver des vies par la chirurgie n’est pas un privilège réservé aux humains. Des scientifiques allemands ont pu observer ce comportement chez des fourmis. Ces insectes d’un peu plus d’un centimètre de long sont, en effet, capables de pratiquer des amputations.

Une équipe de biologistes de l'université de Würzburg en Allemagne a eu la surprise d'observer sur des vidéos de fourmis, des scènes dignes d’un service d’urgence. Une fourmi blessée à la patte qui se laisse examiner par ses congénères. Certaines d'entre elles nettoient méthodiquement la plaie avec leur salive et pratiquent parfois une amputation rapide et précise par morsure. Ces chercheurs ont établi que la méthode est efficace, puisque le taux de survie des fourmis amputées ou dont on a nettoyé la blessure varie entre 75% à 95%, contre 15 à 40% de survie seulement pour celles qui se trouvent à l'écart de la colonie et qui ne sont pas soignées par les autres.

C’est le seul cas d’amputation méthodique observée à jour dans le règne animal, expliquent les auteurs de cette étude publiée, mardi 2 juillet, dans la revue Current biology. À chaque fois, la prise en charge est parfaitement adaptée au risque de propagation d’une infection, selon que la blessure est sale ou stérile, et selon sa localisation sur le tibia ou le fémur.

Des connaissances médicales chez les animaux

Ce n’est pas la première fois que l’automédication chez les animaux nous surprend. En mai dernier, une autre scène avait intrigué des scientifiques. Un orang-outan vivant dans un parc en Indonésie, et profondément blessé sous l'œil, s'était soigné avec un pansement maison. Il avait appliqué en cataplasme une plante qu’il avait préalablement mastiquée. Il l’avait appliquée directement sur la blessure, et en deux semaines, il était guéri. Ce n’est pas un hasard, la plante sélectionnée possède en fait des propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires., qui sont également connues en médecine traditionnelle chinoise.

Pour acquérir des connaissances médicales, il y a visiblement une part d’inné et de comportements transmis de génération en génération chez les animaux. Les études montrent que plusieurs dizaines d’espèces animales sont ainsi capables de pratiquer de l’automédication. Au-delà des primates, il y a les chiens ou les chats qui mangent certaines herbes pour leur confort digestif, des oiseaux qui placent des herbes antiparasites dans leur nid pour protéger leur progéniture, ou encore les éléphants qui peuvent consommer certaines plantes pour faciliter un accouchement. Nous avons tout intérêt à être curieux de ces comportements, car près de 50% de l’arsenal thérapeutique utilisé aujourd’hui en médecine humaine provient de la nature. Avec l'observation des animaux sauvages, nous sommes visiblement à bonne école. 

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