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Covid-19 : décalage de trois à six semaines entre les deux doses, une stratégie de crise

Comment vacciner plus vite, plus de Français ? En décalant la deuxième dose de trois à six semaines : c'est ce qu'a annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran, jeudi 7 octobre, avec l'appui de l'ANSM, l'agence du médicament. Une façon d'éviter la pénurie. 

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une infirmière prépare une seringue pour la vaccination contre le Covid-19 à l'hôpital de Châteauroux (Indre). (JÉRÔME COLLIN / FRANCE-BLEU BERRY)

Après avoir regardé avec suspicion nos voisins britanniques allonger ce délai, nous leur emboîtons finalement le pas, pour pouvoir vacciner plus vite, plus de monde. Oubliez la stratégie de sécuriser la deuxième dose, ou de prendre le temps de vacciner que les plus fragiles, comme le prône la HAS ! Nous allons gérer à flux tendu les doses de vaccins livrées.

Normalement, fin janvier, nous devrions avoir vacciné les résidents des Ehpad et les personnels soignants de plus de 50 ans. Cela représente un peu plus de deux millions de personnes. Selon le calendrier de commande des vaccins, présenté par le gouvernement jeudi 7 janvier, c’est justement le nombre de doses que nous aurons reçues à ce moment-là. Décaler de quelques semaines la deuxième injection permet donc d’attendre des livraisons supplémentaires (à condition que le vaccin d'AstraZeneca soit bien approuvé en janvier), tout en commençant à vacciner les personnes de plus de 75 ans. Là, cela représente cinq millions de personnes en France. 

Un vaccin moins efficace mais distribué à plus de monde

Le premier à s'être inquiété de ce décalage est le fabricant Pfizer puisqu’il a combiné son vaccin pour qu’il soit efficace à 95% avec deux doses à trois semaines d’écart. Avec une dose, c'est seulement à 52% d’efficacité. Mais ces tests ont aussi montré que dix jours après l’administration de la première dose, il y a déjà un effet très protecteur du vaccin. La deuxième dose permet surtout de faire durer la protection plus longtemps.

Le protocole prévoyait une fenêtre entre 19 et 42 jours pour administrer la deuxième dose. Pour l'Agence du médicament qui a rendu hier soir son avis sur le sujet, c’est donc qu’il n’y a pas de risque à aller jusqu’à ce délai. Et elle part aussi de l'hypothèse que les anticorps protecteur ne se réduisent pas brutalement entre le 21e jour et le 42e. Comme l'OMS, elle estime aujourd’hui qu'il peut donc y avoir une certaine flexibilité, sauf pour les personnes très âgées au système immunitaire plus faible. 

Une stratégie de crise

Les agences le reconnaissent, elles concèdent cette flexibilité en raison des variants plus contagieux et pour pallier à d’éventuelles pénuries. Cela agite la sphère scientifique : surtout quand nos voisins anglais envisagent eux d’allonger le délai juqu’à trois mois ou alors de mixer une injection de Pfizer avec une d'AstraZeneca. Un acte de désespoir face à l'épidémie pour certains scientifiques, puisque cela n’a pas été étudié dans les essais cliniques.

Les États-Unis restent prudents mais selon le New York Times, l’institut national de santé américain est en train de vérifier l’efficacité du vaccin de Moderna avec une seule dose. Une stratégie de crise qui montre aussi qu’après avoir craint que les gens ne se fassent pas vacciner, les gouvernements craignent maintenant qu’il n’y ait pas assez de vaccins pour tout le monde. 

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