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Greffe d'utérus : les hommes peuvent-ils tomber "enceint" ?

Pour la première fois en France, une petite fille est née après une greffe d'utérus chez sa maman. Depuis que ces greffes ont montré leur succès, des médecins estiment qu'il est techniquement possible qu'un homme puisse aussi mener une grossesse grâce à cette greffe. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Image d'une échographie. Photo d'illustration. (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP)

On dirait de la science-fiction, un peu comme ce film des années 90 avec Arnold Schwarzenegger, Junior, où un homme tombe "enceint" après une expérience médicale. Mais le débat existe depuis le succès des premières grossesses après greffe d’utérus en Suède, en 2014. Christopher Inglefield, chirurgien et fondateur de la London Transgender Clinic, estime que c’est tout à fait envisageable et milite pour que les règles éthiques s'assouplissent pour ses patientes qui le réclament. En effet, la Fédération internationale de gynécologie obstétrique a établi une liste stricte d'interdiction de greffe d'utérus pour des hommes et aussi pour les femmes transgenres (c’est-à-dire nées hommes mais devenues femmes).

Nous sommes face à des règles déontologiques plus que face à une impossibilité technique. Plusieurs médecins ont travaillé la question, comme le docteur Karine Chung, directrice du programme de préservation de la fertilité à la Keck School of Medicine de l'université de Californie du Sud. Elle estime que dans les prochaines années, ce sera possible. Même si les hommes ont un bassin moins large que les femmes, il est possible de faire de la place dans le ventre, et ensuite de raccorder l’utérus aux vaisseaux qui assurent la circulation avec les membres inférieurs du corps. Evidemment, l’accouchement se ferait par césarienne, comme cela s’est passé pour Déborah, maman greffée de l’utérus qui a donné naissance le 12 février à une petite fille. 

Reconstruction vaginale, césarienne, fécondation in vitro

Comme pour Déborah, la fécondation pour une grossesse masculine doit se faire in vitro mais en général, l’implantation de l’embryon passe ensuite par voie vaginale. Aujourd'hui, les chirurgiens pratiquent de nombreuses reconstructions vaginales pour les hommes qui veulent devenir femme avec la peau de leur organe génital couplée à une autogreffe de lambeau neuro-vasculaire. Il faut aussi un traitement hormonal avec œstrogène et progestérone pour permettre à l’embryon de se développer. Selon une étude de cas publié par l’hôpital Mount Sinai à New York, grâce à un traitement spécifique, une femme transgenre a même pu avoir des montées de lait et nourrir le bébé de sa compagne.

En fait, en théorie, tout semble possible, mais en pratique cela n’a jamais été réalisé, pas même sur les animaux. En tous cas pas dans la littérature scientifique. Pourtant, cela existe dans la nature : il y a des espèces où ce sont les mâles qui portent les petits, comme l'hippocampe.

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