Le billet sciences. Les néonicotinoïdes : plus de 1 000 études sur leurs conséquences
Les néonicotinoïdes étaient pourtant interdits en raison de leurs effets notamment sur les abeilles.
Le gouvernement s'apprête à ré-autoriser les néonicotinoïdes, ces insecticides pour notamment les producteurs de betteraves, qui font face à des attaques de pucerons. Pourtant, l'interdiction des néonicotinoïdes avait été décidée après de nombreuses études sur le sujet.
Les producteurs de betteraves attendent de savoir s'ils vont pouvoir utiliser de nouveau ces insecticides, néonicotinoïdes. Ils étaient pourtant interdits en raison de leurs effets notamment sur les abeilles. Mais le gouvernement va présenter demain en conseil des ministres son projet de loi pour les réautoriser. Il a d'ailleurs fâché mardi 1er septembre trois associations environnementales, FNE, la LPO et les Amis de la Terre qui ont boycotté la réunion de préparation du projet.
Des recherches depuis plus de 20 ans
Il faut dire qu'il y a près de 1 200 études sur les néonicotinoïdes, faites ces 20 dernières années. D'abord, elles nous expliquent que ces produits sont un peu comme la nicotine, ils s’accrochent aux récepteurs du cerveau, pour attaquer le système nerveux. Ils sont très pratiques parce qu’ils peuvent être aussi collés à la graine de colza, de tournesol, de betterave ou de maïs. On dit qu’ils sont enrobés. Du coup, pour l’agriculteur plus besoin de faire des pulvérisations quand les insectes attaquent, il plante ses semences qui diffusent le produit tout au long de la croissance des plantes pour les protéger.
Des produits efficaces aux nombreuses conséquences environnementales
Ne pas pulvériser peut avoir un avantage pour la pollution dans l’air mais cela a des conséquences plus persistantes pour les sols ou pour l’eau. En plus, une toute petite quantité peut avoir un gros effet en particulier sur les abeilles lorsqu’elles butinent le pollen. Même si les betteraves sont récoltées avant qu’elles ne fleurissent, les insectes peuvent aussi s’intoxiquer rien que par la transpiration des plantes. En plus, ces produits persistent. Une étude de l’Inra et du CNRS, l’an dernier, a retrouvé des néonicotinoïdes dans des plants colzas alors que les champs n’étaient plus cultivés avec depuis cinq ans. Aujourd’hui, une soixantaine de chercheurs du monde entier, dont Jean-Marc Bonmatin, chimiste et toxicologiste du CNRS d'Orléans, ont mis en commun leurs analyses sur les effets de ces produits sur les insectes sur les animaux comme les oiseaux et on commence à en avoir sur les hommes. Une étude menée au Japon a retrouvé ces substances dans les premières urines de bébés justes après leur naissance.
Aucune alternative aussi pratique et efficace
Selon l’Anses, il n'y pas d'alternative non chimique aussi pratique et aussi efficace. Dans une note publiée, il y a deux ans l’Agence d’évaluation sanitaire expliquait que dans certains cas d’autres produits chimiques pouvaient même avoir moins d’impact. Ses pistes de solutions sont plutôt de changer les variétés cultivées, d’arracher les plants infectés, il y a même des mesures accoustiques qui montrent une certaine efficacité mais cela veut aussi dire produire moins ou à un coût plus élevé. Cultiver de la betterave sucrière en France coûte plus cher qu’en Pologne et encore plus cher que la canne sucre du Brésil. Mais là, il ne s'agit plus de sciences au sens chimie et toxicologie mais d’autres sciences plus économique voire politique.
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