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Le billet vert. Des enterrements pas vraiment écolos

En ce samedi 2 novembre, les familles honorent leurs morts. Nous sommes de plus en plus nombreux à prendre des décisions, de notre vivant, pour organiser les modalités de notre disparition physique. Avec seulement aujourd'hui deux possibilités, la mise en terre ou l'incinération.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'humusation, la projection d'un rite funéraire qui suscite de nombreuses polémiques. (ILLUSTRATION DE LUC SCHUITEN / HUMUSATION.ORG)

Le choix qui s’offre à nous concernant notre passage à trépas est binaire : l’incinération ou la mise en terre.  

Certains comme Georges Brassens pourraient regretter les "funérailles d’antan", ou l’on suivait le corbillard tiré par des chevaux. Aujourd’hui, les gros diesels roulent à "tombeaux ouverts", mais on commence à voir des corbillards électriques, ce qui est un petit progrès malgré tout. Concernant les cercueils, ils deviennent biodégradables, en carton recyclé, ou en bambou tressé.  

Des urnes biodégradables

Depuis peu, des pompes funèbres proposent des urnes biodégradables avec une graine d’arbre à l’intérieur. Comme rien ne peut pousser dans la cendre, on y ajoute un humus quelconque. Tout est dans la com ! De toute façon, reste l’autorisation d’enterrer l’urne, si possible près de la famille, et ce n’est pas gagné !  

Concernant les urnes, Il est strictement interdit, depuis 2008, de les garder chez soi, ou de disperser les cendres n’importe où, excepté en Suisse. Certains pays autorisent encore la fabrication de bijoux à partir des cendres (porter des boucles d’oreilles fabriquées à partir des cendres de son défunt mari a un certain succès, mais c'est d'un goût douteux surtout lorsque cela est commercialisé).

Aux États-Unis, certaines sociétés proposent d’envoyer les cendres du défunt dans l’espace, probablement pour ceux qui rêvaient d’être astronaute…pas vraiment écolo non plus.  

La loi française comme c'est le cas dans d'autres pays, répondra-t-elle un jour à cette demande de "compostage des corps" ? (ILLUSTRATION DE LUC SCHUITEN / HUMUSATION.ORG)

L’humusation des corps : la seule solution vraiment écologique ?

L’humusation, c’est un peu comme du compost, des micro-organismes transforment une dépouille en quelques mois, en un humus sain et fertile. Il suffit de placer le corps dans un linceul biodégradable, de le recouvrir de 3m3 de copeaux de bois (pour aérer, stopper les odeurs, et entretenir la température) et vous obtenez au bout de quelques mois, environ 1,5 m3 de "super compost". De quoi faire une magnifique plantation en souvenir du défunt.

En Belgique, Francis Buzini, président de la fondation "Métamorphose pour mourir et donner la vie", explique que tout ceci doit évidemment respecter un protocole rigoureux et encadré. Il ne manque pas d’arguments : au contraire de l’inhumation : plus de cercueil, de concession, de pierre tombale, d’embaumants polluants, pas de résidus de médicaments, de pollution de nappes phréatiques. Et face à l’incinération : pas de fours (il faut compter environ 200 litres de carburant par corps), ni de rejets toxiques dans l’air.

L’humusation, elle, serait en capacité de faire pousser l’arbre du souvenir, ce pourrait être une belle histoire, si la législation en France le permet un jour. C’est en revanche désormais possible sous une forme proche, aux États-Unis dans l'état de Washington, avec la société Recompose. La loi autorisant la "réduction organique naturelle" a été adoptée fin avril 2019, et entrera en vigueur en mai 2020. Une première. 16 états américains, Washington inclus, ont par ailleurs légalisé l'hydrolyse alcaline, qui consiste à dissoudre dans un "bain chimique" le corps des défunts.

En attendant, l'humusation, c’est une idée qui séduit de plus en plus de gens qui citent cette méthode dans leurs dernières volontés. 

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