Polluants éternels : une proposition de loi examinée à l'Assemblée pour réduire leur usage "superflu" à partir de 2025

Poêles, papier sulfurisé, peintures, pesticides, textiles, emballages alimentaires... Les PFAS sont partout autour de nous et inquiètent de plus en plus. Une proposition de loi est examinée mercredi pour interdire la majorité de leur utilisation à partir de 2025.
Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le député écologiste Nicolas Thierry, à l'Assemblée nationale, le 14 février 2023. (ARTHUR N. ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)

Dangereux et très persistants, les PFAS représentent plusieurs milliers de substances visées par une proposition de loi du député écologiste Nicolas Thierry. Celui-ci propose d'interdire la majorité des usages des PFAS, progressivement à partir de 2025. Le texte est examiné mercredi 27 mars en commission à l'Assemblée nationale. 

Derrière cet acronyme PFAS se cache les per- et polyfluoroalkylées, une famille très large de molécules fabriquées par l'Homme. Ces composés chimiques ont la particularité de présenter des liaisons extrêmement solides entre atomes de carbone et de fluor, ce qui leur donne des caractéristiques exceptionnelles de résistance à la chaleur, la lumière ou encore l'acidité. Ces propriétés sont très recherchées par toute l'industrie et on retrouve donc les PFAS quasiment partout autour de nous : les poêles antiadhésives et les papiers cuisson, les vêtements imperméables, les cosmétiques, certains emballages alimentaires, les mousses anti-incendie, le matériel médical... Ces molécules utilisées depuis les années 40 sont omniprésentes et, il faut bien le dire, très utiles.

Dangereux et peu dégradables, ces composés s'accumulent partout

 

Mais ces composés chimiques très résistants mettent des dizaines d'années à se dégrader. Ils s'accumulent donc dans notre environnement et notre organisme. Mauvais pour la santé, il a été prouvé que les PFAS peuvent provoquer des cancers (testicules ou rein), des problèmes de croissance, de fertilité ou des défaillances du système immunitaire. Un constat d'autant plus inquiétant que ces polluants éternels, à force d'usages et de rejets dans la nature par l'industrie chimique, se retrouvent jusque dans l'eau du robinet ou notre nourriture.

En 2019, Santé Publique France publiait l'étude ESTEBAN après avoir testé près de 1 000 personnes. Certains PFAS ont été retrouvés chez 100% d'entre elles. On a même repéré ces composés chez des ours polaires, à des centaines de kilomètres de toute activité humaine.

Conserver les recours indispensables et réduire les usages "superflus"

La solution la plus simple pour régler en partie le problème est donc de réduire au maximum l'usage de ces polluants éternels en distinguant les recours "essentiels" des "superflus", comme le demandent les ONG et la proposition de loi examinée à l'Assemblée. On pourrait par exemple se passer des PFAS dans l'industrie des textiles, les emballages alimentaires ou le fart pour les skis.

Mais dans certains domaines, ces molécules sont à ce jour indispensables, comme dans la santé. Les PFAS sont utilisés par exemple pour conditionner les médicaments, fabriquer les cathéters ou les lentilles ophtalmiques. Dans ces cas-là, nous restons très dépendants des polluants éternels.

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