Pourquoi les mégabassines sont-elles contestées ?

Jusqu’à 10 000 personnes sont attendues en cette fin de semaine dans les Deux-Sèvres pour défendre le partage de l’eau et protester contre les projets de mégabassines d’irrigation. Ce rassemblement est placé sous haute surveillance policière tant ces réservoirs d'eau artificiels sont contestés.
Article rédigé par franceinfo
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Le 26 mars 2002 nombreux sont ceux qui ont répondu à l'appel du collectif "Bassines non merci" et de la Confédération Paysanne, pour protester contre un projet de construction de mégabassines dans la zone marécageuse du Marais Poitevin. (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)

Plus de 3 000 policiers et gendarmes sont mobilisés pour faire face à un nouveau rassemblement contre les mégabassines cette semaine dans le Poitou. Il s'agit de ces réservoirs d'eau artificiels utilisés pour l’irrigation. Ces mégabassines ne sont pas alimentées par l'eau de pluie mais uniquement par pompage dans une nappe phréatique ou une rivière. 

Pour leurs défenseurs, ces bassines sont une réponse à la raréfaction de l’eau en lien avec le changement climatique. L’idée, c’est qu’en remplissant les bassines l’hiver lorsque l’eau est abondante, des réserves sont créées pour arroser les champs l'été. Mais les opposants dénoncent un accaparement de l’eau par certains groupements d’agriculteurs qui pratiquent de l’irrigation à grande échelle. Car toutes les exploitations agricoles n'ont pas accès à ces bassines.

Retarder l'inévitable

Le problème est qu'on manque encore de données et de recul sur les usages de ces bassines. Il y a quand même eu des travaux publié par des groupes de scientifiques comme le GIEC, le Haut conseil pour le climat ou l'INRAE (Institut national de recherche sur l'agriculture l'alimentation et l'environnement). Ces études confirment à la fois la nécessité pour l'agriculture de s'adapter à des étés plus secs à l'avenir et donc celle de trouver des solutions. Mais ils pointent aussi des incertitudes sur la capacité qu'il y aura à remplir ces bassines tous les ans d’ici à la fin du siècle, car il risque d’y avoir une grande variabilité dans les précipitations d’une année sur l’autre. Il y a aussi des interrogations sur le bon dimensionnement de ces bassines, pour ne pas déséquilibrer les nappes phréatiques. Enfin certains scientifiques, redoutent que ces réserves d'eau, ne découragent les efforts de sobriété et qu'elles retardent le recours à des cultures moins gourmandes en eau.

Les projets de bassine se situent principalement aujourd’hui en Nouvelle-Aquitaine et en Pays de la Loire. Mais la région Centre et  l'Auvergne-Rhône-Alpes sont aussi concernées. Plusieurs milliers de manifestants ont protesté en mai dernier contre un projet de gigabassines dans le Puy-de-Dôme. L'opposition aux bassines se fait aussi de plus en plus devant les tribunaux. Leurs détracteurs avancent notamment comme argument juridique, la responsabilité qu’ont l'État ou les collectivités locales de devoir gérer les ressources en eau de façon équilibrée et durable pour tous.

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