Six mois de retard pour le chantier EPR d'Hinkley Point en Grande-Bretagne
Les réacteurs nouvelle génération prennent du retard à cause des circonstances exceptionnelles liées au confinement en Angleterre.
Le chantier des réacteurs nucléaires EPR prend du retard. Cette fois ce n’est pas à Flamanville en France mais à Hinkley Point en Angleterre. C’est ce qu’a annoncé EDF mercredi 27 janvier. Et qui dit retard de calendrier, dit augmentation des coûts de près de 500 millions d’euros pour ces deux réacteurs EPR de nouvelle génération qu'EDF construit dans le Somerset au sud-ouest de l’Angleterre depuis un peu plus de deux ans. La livraison de la première tranche n'interviendra donc pas avant juin 2026 pour une facture estimée au total pour l'instant à près de 25 milliards d’euros. Mais le directeur du chantier précise bien que c’est à cause des circonstances exceptionnelles du confinement en Angleterre qu'il y a du retard et pas à cause d’un problème de construction.
Chantiers EPR européens maudits ?
Les chantiers de Flamanville en Normandie et d’Olkiluoto en Finlande ont accumulé retards, malfaçons sur le béton, la cuve, bisbilles entre donneurs d’ordre et prestataires. Le finlandais en est à 12 ans de retard et doit produire à partir de l'an prochain. Celui de Flamanville a dérapé de 10 ans sur son calendrier initial et de neuf milliards d’euros sur son budget. Il doit produire son premier kilowattheure pour notre réseau en 2023, mais l’Autorité de sûreté nucléaire attend encore qu’EDF lui prouve qu’il peut régler ces problèmes de soudures.
Problèmes de têtes de série
Pour EDF et Areva si Flamanville et Olkiluoto ont pris autant de retard c’est normal, c'est parce que ce sont des prototypes, des têtes de séries. EPR veut dire réacteurs pressurisés européens, ce sont des réacteurs très puissants : presque deux fois plus que leur prédécesseur. Ils ont été mis au point après les catastrophes de Three Miles Island et Tchernobyl, avec ce que l'on appelle un retour d'expérience et en élaborant des protections supplémentaires. Ils ont notamment une sorte de cendrier en béton sous la cuve. Un cendrier pour tenter de récupérer un cœur de réacteur en fusion, ce que l'on appelle le corium et qui perce les enceintes en acier en cas d'accident. Ils doivent aussi permettre d’utiliser un combustible Mox, à base de plutonium, fabriqué notamment à l’usine de retraitement de la Hague. Un réacteur plus sûr pour ces promoteurs, plus dangereux pour ces détracteurs notamment à cause du plutonium, extrêmement radioactif et utilisé pour l'armement. Mais, il y a aujourd’hui deux EPR qui fonctionnent bien en Chine à Taishan. Après dix ans de travaux, ils fournissent depuis près de deux ans la consommation électrique d’environ cinq millions d’habitants. On verra donc avec le chantier d’Hinkley Point si la malédiction des EPR a définitivement pris fin.
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