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Le brief éco. Areva solde son aventure dans l’éolien

Areva va solder son aventure dans l’éolien. Le groupe nucléaire français s’apprête à annoncer son désengagement dans cette énergie renouvelable. La fin d’une aventure qui aura finalement tourné court

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Logo Areva (ERIC PIERMONT / AFP)

Le groupe Areva devrait profiter d’un Conseil d’administration prévu mercredi 14 septembre pour annoncer son désengagement dans le secteur de l'énergie éolienne. Areva et l'éolien, c’est une participation de 50% dans une société baptisée Adwen créée en 2014 avec l’espagnol Gamesa. Le groupe français va céder ses parts à ce partenaire espagnol pour une soixantaine de millions d’euros. En réalité, la branche éolienne d’Areva va tomber dans l'escarcelle de l’Allemand Siemens qui a passé un accord avec Gamesa en juin dernier.

Cette cession est un pas supplémentaire dans son recentrage sur les activités liées au cycle du nucléaire, qui prévoit par ailleurs la vente de la majorité de sa branche réacteurs à EDF. Un mercato industriel qui ressemble plus à un jeu de Bonneteau et qui tombe au plus mauvais moment, en plein débat sur le dossier Alstom à Belfort.

Eolien offshore : les élus normands sur le qui-vive

Areva s'était engagé dans le développement d’une filière éolienne offshore – en mer. Deux usines doivent voir le jour au Havre avec 700 emplois à la clef. Les repreneurs allemands vont-ils tenir leur promesse de ne pas y toucher ? Les élus de Normandie sont sur le qui-vive.

Le désengagement d'Areva va permettre à l’Allemand Siemens de renforcer sa position en Europe alors qu’il est déjà leader mondial dans l’éolien en mer. Au passage, il va profiter de trois beaux contrats de fourniture de parcs d’éoliennes confiés à Engie, ex GDF Suez.

Cette opération a valeur de symbole. Elle apparaît comme un nouvel échec de notre industrie dans une énergie du futur, alors même qu’une myriade de PME françaises est à la pointe dans ce secteur… et qu’Alstom, encore lui, a déjà revendu sa branche énergie à l’américain General Electric. Notre industrie se transforme de plus en plus en coquille vide.

L’Etat en manque de stratégie industrielle 

De toute évidence, l’Etat ne s’est pas opposé à cette vente. Aujourd’hui, l’Elysée dit avoir obtenu des garanties de la part du repreneur pour maintenir les projets enclenchés par Areva. Mais les promesses n’engagent que ceux les formulent. On verra comment se comporte Siemens.

Cette aventure restera comme un nouveau marqueur du vide de la part de l’Etat en matière de stratégie industrielle depuis deux décennies. Ce défaut, ces manquements, remontent aux années 2000 et ne concernent donc pas qu’un seul quinquennat. C'est à se demander également si la France possède encore de grands capitaines d'industries visionnaires. Dans tous les cas, la fin d'Areva dans l'éolien est un beau pied de nez au Grenelle de l’Environnement.

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