Crédits immobiliers : bras de fer entre le ministère de l’Économie et la Banque de France
Bercy veut assouplir les conditions imposées aux ménages pour emprunter, mais la Banque centrale appelle à la prudence.
La Banque de France estime que, dans la situation économique actuelle, élargir les facilités de crédits risquerait de pousser bon nombre de foyers à se surendetter, sur une longue durée et à des taux trop élevés. La Banque centrale estime que le taux d’endettement global des ménages français est déjà très élevé : il atteint 101% du revenu disponible. Cela veut dire que nous devons consacrer 101% – l'intégralité – de nos revenus nets, une fois réglé les impôts, pour payer nos dettes.
Difficile et dangereux de permettre plus, d’autant plus que l’endettement des ménages français est aujourd’hui supérieur au reste des pays de la zone euro. Depuis janvier 2022, les banques françaises doivent respecter certains critères pour accorder un crédit immobilier.
Parmi ces critères fixés par les autorités financières, il y a le rapport entre le montant total des dépenses liées à l’habitation et les revenus du foyer. Les dépenses ne peuvent pas être supérieures à 35% des revenus disponibles, et la durée d’endettement est limitée à 27 ans au plus.
Evolution souhaitable ?
Beaucoup de particuliers et d’entreprises trouvent aujourd’hui les banques plus frileuses qu’avant. Les services de Bruno Le Maire veulent donc savoir si les normes établies contre le surendettement des ménages ne sont pas finalement un obstacle trop important à l’accès au crédit. Des travaux d’évaluation sont en cours.
Est-ce à dire que la Banque de France et le ministère des Finances ne sont pas sur la même longueur d’onde ? En réalité, chacun est dans son rôle : d’un côté, le ministère de l’Économie soucieux de mettre de l’huile dans les rouages entre les Français désireux d’investir, et les marges de manœuvre données aux banques commerciales pour le leur permettre. De l’autre côté, la Banque de France gardienne du temple, de la régulation et de l’orthodoxie monétaire.
Les deux sont finalement complémentaires face à une fédération bancaire qui trépigne et des professionnels de l’immobilier qui craignent un effondrement de leur activité, faute de crédits suffisants accordés aux ménages pour investir dans leur logement ou dans la pierre en général.
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