Déforestation importée : la Commission européenne veut reporter d’un an l’entrée en vigueur du texte

La proposition de la Commission européenne doit être encore validée par les États-membres de l'UE. Cette mesure phare du pacte vert vise à interdire la commercialisation de certains produits importés s'ils sont issus de terres déboisées.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Entre 2004 et 2017, l'Amazonie brésilienne a perdu 15,4% de son couvert forestier selon WWF. (BRAZIL PHOTOS / LIGHTROCKET)

Destiné à protéger les forêts, le nouveau règlement devait entrer en vigueur dès la fin de cette année 2024. Il vise à interdire la commercialisation en Europe d’une série de produits comme le cacao, le soja, l’huile de palme, le café, la viande bovine ou encore le cuir et l’ameublement s’ils proviennent de terres déboisées après décembre 2020. Mais des partenaires mondiaux de l’Europe ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes et Bruxelles a plié.

La proposition de la Commission européenne de reporter l’échéance d’un an, ce qui doit encore être validée par les États-membres et le Parlement, intervient en pleines tractations pour un accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, le marché commun d'Amérique du Sud. La nouvelle réglementation européenne contre la déforestation, promulguée en 2023, mais accouchée dans la douleur, suscite une levée de boucliers des milieux d’affaires de l’agroalimentaire et des pays concernés qui y voient un coup de poignard pour leurs éleveurs et agriculteurs. Le Brésil parle d’un  "instrument unilatéral punitif". Même l’Allemagne réclamait un délai supplémentaire pour laisser aux entreprises le temps de se préparer.

Un dossier très politique

La loi européenne anti-déforestation est un obstacle au projet de libre-échange entre l’Europe et les pays sud-américains ardemment défendu par l’Allemagne pour ses propres intérêts commerciaux. Berlin n'hésite pas à qualifier le dispositif de "monstre bureaucratique". Le délai supplémentaire d’un an vient donner du grain à moudre aux organisations non-gouvernementales qui redoutent que la pression de la droite et l’extrême droite, renforcée par les élections européennes de juin, détricote les règles écologistes adoptées précédemment. Les ONG dénoncent "un coup de tronçonneuse" de la part de la présidente de la Commission européenne, l’allemande Ursula von der Leyen. Selon le Fonds mondial pour la nature WWF, avec ses importations de soja et d’huile de palme, notamment, l’UE est aujourd’hui le deuxième destructeur de forêts tropicales derrière la Chine et devant les États-Unis.

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