Cet article date de plus d'un an.

Emploi : non, les Français n'ont pas la "flemme" de travailler

Les Français ont-ils un rapport plus difficile avec le travail que leurs voisins européens ? Travaille-t-on moins en France par goût du loisir, comme l’affirment certains ? Non, affirme un collectif d’économistes, chiffres à l’appui.
Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Immeubles de bureaux parisiens de nuit (LUC NOBOUT / MAXPPP)

Y-a-t-il un divorce entre les Français et le travail ? Est-ce que cela pourrait expliquer les difficultés économiques et sociales en France ? Le débat est né sur la base d’une note publiée en novembre dernier par la Fondation Jean Jaurès et intitulée "Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces". Ce débat peut paraître hors-sol dans le contexte économique actuel, mais les arguments méritent d’être comparés. 

Au départ, Jérémie Peltier, directeur de la Fondation Jean Jaurès et Jérôme Fouquet de l'Ifop, auteurs de la note, expliquent comment la pandémie de Covid-19 a modifié nos modes de vie, de consommation et travail, avec pour conséquence, notamment, le renforcement du temps libre. Une perte de motivation qui atteindrait un Français sur trois, selon les auteurs, qui se basent sur une enquête menée l’année dernière.

>> La charge mentale créée par le travail perturbe la vie privée des Français, selon une étude

Pas d’épidémie de flemme 

La Chaire Transition Démographie, Transition Economique, de l'Institut Louis Bachelier, répond : au contraire, les taux d’emploi chez les jeunes repartent à la hausse, notamment chez les 20-24 ans, plus nombreux à travailler en 2021 qu’avant les années qui ont précédé la crise Covid. Conclusion : les chiffres ne montrent aucune trace d’une "grande flemme", de la part des salariés. Le problème est ailleurs.

>> Contrat d'engagement jeune : 300 000 personnes éloignées de l'emploi ont bénéficié du dispositif en un an

La France connaît aujourd’hui une remise en question du travail, de son organisation et de ses valeurs. Comme l’explique régulièrement la sociologue et philosophe Dominique Méda, les Français attendent toujours beaucoup de leur quotidien dans l’entreprise mais en rejettent les conditions où se mêlent le stress, la pénibilité, l’impératif du chiffre et l’absence de reconnaissance. Un débat sans fin qui oppose économistes et sociologues. Pas d’épidémie de flemme donc, mais plutôt l’attente d’un nouveau rapport au travail.

>> Nouveau rapport au travail, bien-être en entreprise, productivité... Pourquoi la semaine de quatre jours gagne du terrain en Europe

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.