Guerre en Ukraine : la course à l’armement est-elle relancée en Europe ?
L’aide apportée par les États européens à l’Ukraine en matériel militaire vide les stocks des pays prêteurs. Après six mois de conflit, la Commission européenne réagit en proposant un dispositif pour faciliter les achats en commun d’armement. Elle met de l’argent sur la table
500 millions d’euros sur deux ans pour reconstituer les stocks diminués par le soutien à l’Ukraine – munitions, artillerie légère et lourde, systèmes de défense anti-aériens, etc. Chaque État membre conservera une liberté totale pour décider de ses achats. Il s’agit d’un budget spécifique qui va venir se greffer au Fonds européen de défense, déjà existant, doté de huit milliards d’euros, mais qui se concentre uniquement sur la recherche et le développement. Les deux sont complémentaires : d’un côté les sommes dégagées pour l'achat d’armement, de l’autre la structure pour financer la recherche sur les armes du futur.
Dans le cadre de ce Fonds européen de défense, Bruxelles a lancé plusieurs appels à projets et les résultats viennent de tomber et sont positifs pour la France. Nos industriels ont été présélectionnés sur des projets à 178 reprises, contre 156 pour les Italiens et 113 pour les Allemands. On retrouve bien sûr de grands groupes comme Safran et Thales mais aussi beaucoup de PME. Au terme du processus de sélection, 61 projets seront retenus et bénéficieront de financements européens à hauteur d’1,2 milliard d’euros, essentiellement sur des technologies de rupture comme l'intelligence artificielle et les nouveaux matériaux.
Assiste-t-on à une relance de la course à l’armement en Europe ?
Le Commissaire européen, Thierry Breton, insiste souvent sur le fait que l’Europe s’est désarmée depuis vingt ans par rapport à tous les continents. Face aux États-Unis, à la Russie, l’Inde ou la Chine, l’Europe est la seule à avoir baissé ses investissements. Lors du Traité de Lisbonne entré en vigueur en 2009, les Etats-membres s'étaient engagés à consacrer 2% de leur richesse nationale (PIB) à leur budget de défense. Nous sommes en 2022… la France en est à 1,9% ; l’Italie à 1,5 et et l’Allemagne à 1,44%.
En cumul pour l’ensemble des pays européens, le déficit par rapport à cet objectif de 2% s’élève aujourd’hui à 1 300 milliards d’euros. C’est ce retard que Bruxelles entend rattraper progressivement, à l'heure où les tensions géopolitiques mondiales repartent de plus belle.
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