Le brief éco. Accords commerciaux : pourquoi la France dit oui au Canada mais affiche sa prudence avec l’Amérique latine ?
Le gouvernement français donne son feu vert à la ratification par l’Assemblée nationale de l’accord commercial passé entre l’Union européenne et le Canada. Baptisé CETA, cet accord de libre-échange est loin de faire l’unanimité en France.
Le gouvernement français vient de donner son accord pour la ratification, par les députés, du CETA, l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada. La ratification du texte par la France prévue mercredi17 juillet à l’Assemblée nationale intervient en pleine polémique sur la conclusion, la semaine dernière, d’un autre accord commercial signé cette fois entre l’Europe et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) sur lequel Paris se veut plus prudente. Qu’est-ce que le CETA ? C’est un accord qui concerne 510 millions d’européens et 35 millions de Canadiens. Il supprime les droits de douanes sur 98% des produits échangés entre les deux zones, élargit la concurrence à certains services et renforce la coopération en matière réglementaire.
Premières retombées
Ce CETA est appliqué à titre provisoire depuis deux ans, ce qui donne un certain recul. Selon le ministère des Affaires étrangères, nos exportations vers le Canada ont progressé de près de 7% entre 2017 et 2018. Dans le même temps, les importations canadiennes en France ont reculé de 6%. Quant à l’excédent commercial français avec le pays nord-américain, il est passé de 50 millions d’euros à 450 millions.
Vives critiques
Malgré ce bilan visiblement plutôt flatteur, si l'on s'en tient aux chiffres, cet accord Europe – Canada est dénoncé par les agriculteurs français mais aussi des syndicats, les écologistes et des associations de consommateurs. Selon eux, le CETA facilite l’entrée sur le marché européen de produits élaborés selon des normes inférieures aux standards européens. Autre argument avancé : le Canada étant jugé comme l’un des pires élèves du G20, signer avec lui c’est le conforter dans ses erreurs et ne pas l’encourager à changer de posture. C’est ce que dit notamment Nicolas Hulot, mais les arguments avancés le sont traditionnellement pour critiquer ce genre de traités.
CETA versus Mercosur
La France dit donc oui à l’accord entre l’Europe et le Canada mais affirme ne pas être prête à ratifier celui passé entre l’Union et les pays d’Amérique latine (Le Mercosur). Dans le cas du Mercosur, Paris demande des garanties supplémentaires au Brésil. Emmanuel Macron veut que le pays respecte ses engagements en matière de lutte contre la déforestation en Amazonie. Et puis, sur le plan industriel, nos filières sucrières et bovines ont plus à y perdre que dans le cas de l’accord avec le Canada. Le président de la République trouve là de nouveaux sujets de discorde, jusqu’au sein même de sa majorité. Il lui faut convaincre. La partie s’annonce difficile.
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